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Vieux navires : les mensonges continuent

Reconversion annoncée, adaptation, ventes, changement de nom, de pavillon, et pour finir démolition sans précautions, sans respect de la réglementation sont les étapes qui constituent la fin de vie des grands navires.
Photo : http://france-recyclage-news.com
Photo : http://france-recyclage-news.com

Quand on veut noyer des petits chats, c'est bien connu il faut mettre un couvercle sur le seau pour « qu'ils ne souffrent pas ». Pour les vieux bateaux c'est pareil. Mis hors service, il faut les démanteler. Mais les coûts, de désamiantage notamment, sont tels que nos gouvernants ferment les yeux sur des infractions graves. Comme si la vie des ouvriers turcs ou indiens exposés à l'amiante, avait moins de valeur que celle des ouvriers français. Les malheurs des autres, surtout quand ils sont loin, nous touchent peu, il suffit de ne pas trop y regarder si cela nous perturbe, de mettre le couvercle.
 

SNCM, STX, SNCF

La SNCM, assurait que l’ex-ferry Île de Beauté, devenu Beau (et panaméen) depuis son départ de Bizerte en juin continuerait à naviguer pour son nouveau propriétaire turc Porto Navigation. En réalité il va  être démoli en Turquie. Il est désormais à Aliaga, comme Antic (ex Atlantic Star) imposé par la Royal Carribean au travers d'une de ses filiales à STX pour le marché Oasis.
Antic était censé être reconverti à Dubaï. Il était sorti en catimini du port de Marseille en mars. Les deux bateaux seront démantelés dans des conditions qui ne peuvent que mettre en danger la santé des ouvriers turcs L'association écologiste Robin des bois dénonce une nouvelle fois la complicité de l'État qui «  a fait semblant de croire la SNCM », comme en 2011 quand Seafrance filiale de la SNCF avait cédé deux navires Le Cézanne et le Renoir à deux compagnies panaméenes, (moins de trois après la vente l'un d'entre eux était en démolition à Alang).
Voir aussi http://www.saintnazaire-infos.fr/stx-france-la-polemique-enfle-autour-du-demantelement-de-l-atlantic-star-25-52-2026.html

Environnement, morale et économie

Obliger les entreprises propriétaires de ces deux vieux bateaux à respecter la réglementation européenne les aurait sans doute dans des situations économiques encore plus compliquées. Pour STX cela aurait globalement augmenté le prix de revient de Oasis dont la commande a sans toute été prise sans trop de « gras » compte tenu de la concurrence, quant à la SNCM ses graves déboires financiers sont connus et un démantèlement coûteux n'arrangerait sans doute pas sa situation. Enfin pour Seafrance filiale de la SNCF dont l'État est (aussi) actionnaire, la position était des plus précaire au moment de la vente des navires.

Fermer les yeux sur les fraudes des entreprises qui ne respectent la convention de Bâle pour des causes économiques et donc les encourager dans cette voie plutôt que de tenter d'adapter des chantiers européens pour créer des filières de recyclage fait réagir de plus en plus d'associations sur les plans de la morale, (santé des ouvriers) et de l'environnement (pollution).
Un projet techniquement solide d'installation de chantier de démantèlement intéressera bientôt des politiques friands de développement économique. Ils enfourcheront alors un fringant cheval caparaçonné du vert symbolique de l'environnement, porteront haut les couleurs de la santé, de la morale et de la légalité européenne. Ils répéteront les formules magiques « création d'emploi », « respect de l'environnement », « écologie », « économie d'énergie », « préservation de la planète », épluchant avec soin tous les bons légumes de la soupe verte comme s'ils venaient d'en découvrir la recette relevée aux épices douces du développement durable. Ils lèveront alors le couvercle du seau et feront mine de découvrir avec horreur « cette situation intolérable ».

Avant qu'il caracole sous la selle d'un chevalier blanc, quel parti politique saura le repérer, ce cheval un peu boiteux, maigre et triste comme un pays émergent. Qui le mènera se muscler sur les quais des ports européens ? Qui osera le faire trotter sous les fenêtres des ministères, des commissions, des banques, frappant des quatre fers pour trouver les subventions utiles, hennissant plus fort que les navires qui cornent encore une fois avant de partir en Turquie où en Inde pour leur dernier voyage ?

Plusieurs ports en France par exemple, disposent de structures de démantèlement pour les bateaux. Les élections municipales s'approchent, il va être intéressant d'observer les programmes concernant ce sujet.

http://www.robindesbois.org/

Auteur : LY | 05/08/2013 | 0 commentaire
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