www.media-web.fr

Région débat d’orientation budgétaire : "la course effrénée au surendettement" selon le groupe RN

Le groupe RN au Conseil Régional des Pays de Loire exprime son point de vue dans le débat d’orientation budgétaire.
Jean Goychman président groupe RN
Jean Goychman président groupe RN

"Le débat sur l'orientation budgétaire, objet de cette séance de notre Conseil Régional est très important pour l'avenir de notre région et de ses habitants. La crise que nous traversons depuis plusieurs mois est loin d'être terminée et nul ne peut dire aujourd'hui quels en seront les effets à terme.

Cette crise, en cache-t-elle une autre, non plus sanitaire, mais financière ? Car les signes avant-coureurs étaient bien présents, apparus dès le mois d'août 2019 lors de la réunion des banques centrales de Jackson Hole, mettant en évidence la fin programmée du système monétaire actuel basé sur l'hégémonie du dollar. Reposant sur la prédominance mondiale de l'économie américaine, aujourd'hui dépassée par la Chine, cette hégémonie du dollar n'a plus de raison d'être.

C'est probablement la raison du changement de cap total du FMI. Alors que depuis des décennies, cette institution née des accords de Bretton Woods en 1944, qui avaient également consacré le dollar comme monnaie internationale, a toujours prôné la rigueur et l'austérité des finances publiques, est soudain devenue « ultra-keynesienne ». Curieux retour des choses si on se rappelle que c'était Keynes lui-même qui s'était opposé au dollar en proposant une autre monnaie internationale dont aucun pays n'aurait à lui seul le contrôle. 

La nouvelle doxa du FMI consiste, pour les Etats, à emprunter sans limite pour investir dans tous les domaines. Le FMI, qui soutenait que seule la rigueur budgétaire pouvait apporter la croissance nécessaire à la stabilité du système mondial, prétend aujourd'hui qu'un milliard de dollars investi génère une croissance du PIB de 2 milliards... 

La fausse monnaie finissant toujours par remplacer la vraie, on ne s'y prendrait guère autrement pour tuer le dollar. Mais cela vaut également pour l'euro. Les sacro-saintes règles européennes, gravées dans le marbre des traités, sont quotidiennement transgressées sans que personne, parmi les plus pointilleux quant à leur respect, n'y trouve à redire.

Pire, certains pensent même à modifier les traités de Maastricht et du MES en retirant les critères, qui étaient un préalable incontournable à l'admission dans ce qui devait être le « Graal » de l'euro. Jugés indispensables à l'époque, il semble qu'ils soient trop contraignants maintenant.

Après tout, la Banque de France aurait pu faire la même chose. La loi de 73, qui marque le début d'une dette publique exponentielle en interdisant à la Banque de France d'émettre de la monnaie sans intérêt afin de financer le déficit public, n'a plus de raison d'être et devrait être abrogée. L'euro lui-même, longtemps présenté comme le garant de l'équilibre budgétaire, est-il encore utile ?

Les taux d'intérêts des banques centrales sont nuls, voire négatifs, et il suffit d'un simple clic de souris pour créer des milliards, voire des centaines de milliards d'unités monétaires. Car tout cet argent vient de nulle part. Ce n'est que la « fausse monnaie. »

En empruntant massivement les sommes qui sont prévues entre 2021 et 2023, l'exécutif régional transpose simplement les recommandations d'un FMI dont on peut légitimement se demander quel but, il poursuit réellement. D'autant plus que certains signes avant-coureurs sont, et c'est le moins qu'on puisse dire, inquiétants. Les taux négatifs ne peuvent perdurer très longtemps et les dettes cumulées, qui représentent plusieurs fois le PIB mondial, menacent la stabilité d'un système dont les banques centrales semblent avoir perdu le contrôle. Afin de sauver les banques d'une faillite qui semble cependant inéluctable, elles doivent racheter les dettes publiques aussitôt émises afin de rééquilibrer leur bilan. C'est la raison pour laquelle le FMI a décidé cette volte-face.

Cela ne résout rien, mais retarde l'heure de vérité, qui se traduira par une chute vertigineuse de ces monnaies-dette. Cette année, par rapport à l'once d'or, qui est toujours l'étalon, le dollar a perdu 25%  et l'euro 20% et certains spécialistes de ces marchés pensent que ce n'est que le début.

Notre région doit-elle vraiment appliquer cette politique financière du « tout-emprunt » alors que depuis le début du mandat -et nous avions soutenu la démarche votre intention était au contraire de diminuer l'endettement ? Comme vous le rappelez en préambule, vous y aviez plutôt réussi. Pourquoi se lancer maintenant dans cette course effrénée au surendettement, alors même que nous ne connaissons pas encore les effets de la crise que nous traversons ?

Depuis plusieurs mois, le groupe Rassemblement National a affiché sa préférence pour une autre approche budgétaire. Le mot « budget de guerre », même s'il peut paraître inapproprié, a été prononcé. Nous avons toujours pensé que la crise qui s'annonçait allait être d'une ampleur inégalée dans sa durée et ses conséquences et que la meilleure chose à faire était, comme disent les marins « se mettre à la cape » et autant que cela pouvait être fait, « réduire la toile financière » en différant ou supprimant tout ce qui n'était pas essentiel.

Nous n'avons pas (ou peu) été entendus et nous ne comprenons pas quelle est la logique suivie. On ne peut pas passer d'un libéralisme assumé à un dirigisme quasi-total sans que cela soit justifié par un minimum d'explications.

Nous n'avons jamais voué un culte aveugle au libéralisme tel qu'il était théorisé par Milton Friedmann et l'École de Chicago de l'après-guerre, pas plus que nous ne serions hostiles par principe à une relance de type « Keynésien », mais la volte-face devient trop criante pour que nous vous suivions aveuglément.

Pour autant, nous voterons certaines de vos propositions qui nous semblent intéressantes. Notamment, lorsqu'il s'agit de diversifier certaines entreprises ou de former des gens à de nouveaux métiers. Nous le ferons par principe et non par conviction, mais nous préférerions, de toute évidence, que les crédits affectés à ces actions proviennent d'un transfert budgétaire plutôt que d'un recours systématique à l'emprunt. Nous n'ignorons pas que se développe, en même temps que ces nouvelles règles budgétaires, un sentiment qui ferait que ces emprunts ne seraient jamais remboursés et que les dettes ainsi contractées seraient « monétisées », c'est-à-dire absorbées par une inflation galopante.
Ce serait une erreur, car pour séduisante que soit cette vision opportuniste, tous les pays qui se sont lancés dans cette aventure l'ont toujours payé chèrement, et souvent au prix de leur indépendance.

Enfin, faute de mieux et puisque Keynes revient à la mode, soyons kéynésiens jusqu'au bout. Plutôt que de distribuer des subventions et accorder des prêts ou des facilités de paiement à nos entreprises, remplissons leurs carnets de commandes.

Nous ne manquons pas de potentiel d'investissement dans de nombreux domaines (transports, communications, énergie (sans l'éolien), recherche appliquée, ouvrages d'art, etc)

Evitons cependant de tout miser sur la transition énergétique. Comme notre groupe l'a rappelé à maintes reprises, la réindustrialisation de notre région, que nous appelons de tous nos vœux, et particulièrement dans nos territoires souvent délaissés, passera nécessairement par une capacité à produire de l'énergie abondante et bon marché, qui ne dépende pas des marchés financiers internationaux.
"

Auteur : JG | 19/10/2020 | 0 commentaire
Article précédent : « L’UDB rend hommage à Samuel Paty »
Article suivant : « Conseil régional des Pays de la Loire : les élus écologistes seuls groupe politique opposé au projet du Carnet »

Laisser un commentaire

*

*

*

*

Les champs marqués d'une étoile sont obligatoires

Media Web Agence de presse et marketing Images & Idées Média-Web Avenue de l’Université 24 CH-1005 Lausanne
www.media-web.fr  |   Nous contacter