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Prostitution : la pénalisation est-elle un progrès ?

Le gouvernement réussira-t-il à faire passer sa loi concernant la prostitution ? Elle est dite généreuse, moralisatrice ou dangereuse pour les travailleurs du sexe.

Avec la prostitution, on parle au moins et  à la fois, de morale, de commerce, de trafic d'êtres humains de droit du travail et de reconversion… Encore une fois, l'arsenal de nos lois, n'est-il pas suffisant ? Le débat porté à l'Assemblée a le mérite de faire réfléchir.

« Papa, je veux faire pute »

Dans l'hypothèse où la prostitution est « normale », considérons ce métier comme un autre, et ouvrons des écoles : formation, diplômes, réglementation, sécurité, convention collective etc.. Et dans les collèges que les conseillers d'orientation le proposent puisque Bercy reconnaît l'activité en en collectant l'impôt. Compliqué non ?

Menaces

On entend  : « il faut de la prostitution, sinon il y a aura plus de viols », intéressant de souligner que les deux « activités » sont mises en parallèle. Tant que le sexe sera associé au péché, on utilisera la théorie des moindres maux. Si la prostitution doit être légale, c'est parce c'est ainsi que pourrait disparaître l'esclavage sexuel dans notre pays. Même si cela choque bon nombre d'entre nous, les travailleurs du sexe doivent être considérés comme ils le souhaitent, « responsables », pas comme des démineurs que la société envoie pour que passent les chars de la morale.

Répression des fraudes et sécurité

Qu'on punisse les clients, oui mais pas d'une amende, d'emprisonnement pour complicité de trafic d'êtres humains parce que c'est bien de cela dont il s'agit dans la plupart des cas. (2 % de la  prostitution serait libre et volontaire selon les chiffres qui circulent).
1500 € c'est trop, ou insuffisant. 1 500 € pour une relation surprise par un contrôle si le prestataire est libre, cela paraît injuste, (activité légale - BNC) », mais s'il est esclave, pour l'État punir d'une l'amende c'est taire un viol contre de l'argent. Corruption ou subornation de témoin ? En tout cas, cela ressemble bien à un « trafic d'indulgences ».
Sans doute la création du « stage de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels » est une bonne idée, sur le papier : reste à voir la mise en pratique. Madame à son compagnon : « Jacques on va à la piscine avec les  enfants  samedi ? - Non, j'ai mon stage de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels ».

Les « impliqués » le crient : pénaliser leurs clients les met en danger, encourager à « consommer légal » serait-il plus sécurisant ? On peut supposer qu'ils le savent mieux que personne. Les prostituées étrangères victimes de proxénétisme et « engagées dans un parcours de sortie de la prostitution » bénéficieront d'un titre de séjour de six mois dit le texte. Il faut une chasse sans merci aux proxénètes. « Je vous remercie de nous donner les moyens de lutter contre les réseaux», a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, après le vote. Mais le gouvernement en a-t-il les moyens ? Et c'est en cela que cette loi est tiède.

Chez Madame Internet

Internet permet de faciliter les relations tarifées ou non, et de tracer aussi les circuits esclavagistes. Encore en faut-il la volonté. Les fournisseurs d'accès  devront interdire « l’accès aux sites hébergés à l’étranger qui contreviennent à la loi française contre le proxénétisme sur demande de l’autorité administrative  » prévoit le texte. C'est un début. L'Europe devrait avoir les moyens non seulement de légiférer mais d'agir dans ce domaine.

Après ces longues journées de débats, il paraît luxueux de s'éveiller dans des bras amis, et d'entendre chuchoter, « reste encore un peu, je vais faire le café ».

09/12/2013 | 3 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 11 décembre 2013 à 00h12 par Pierre
Eh oui, encore une belle invention, le viol consenti...
#2 - Le 12 décembre 2013 à 18h51 par la moette, Mesquer
De toute façon,c'est encore un moyen de taxer.Aucune loi ne fera régresser la prostitution.Un homme n'est pas de bois,même les ecclésiastiques y vont
#3 - Le 15 décembre 2013 à 10h55 par JadEstuaire, Saint Brevin Les Pins
Je crois que la Suède a adoptée depuis plusieurs années cette pénalisation des "clients".
Il serait intéressant de connaître quel a été l'impact de cette mesure et quelles solutions avaient été mises en place pour la reconversion de ces femmes et de leur insertion.

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