À partir du 22 mars 2022, le Château de Montsoreau – Musée d’art contemporain présente une nouvelle exposition consacrée au collectif Art & Language intitulée : www.art-language.org

Des œuvres de jeunesse à d’autres plus récentes, l’exposition nous invite à migrer dans le monde physique du site internet www.art-language.org et nous questionne sur la place du numérique dans la création de Art & Language.

À cette occasion, la collection Philippe Méaille dévoile ses nouvelles acquisitions sur les trois niveaux du musée.


Pour évoquer la place du numérique au centre de l’œuvre de Art & Language, le Château de Montsoreau – Musée d’art contemporain a conçu cette exposition comme une allégorie. La narration curatoriale utilise des éléments concrets (sons, peintures, vidéos…) qui retrouvent leur pendant abstrait dans un environnement numérique créé par Art & Language en 1999. Le choix d’une URL comme titre d’exposition vient souligner la dualité entre le monde matériel et le monde virtuel, pour mieux interroger la matérialité de l’œuvre d’art.


A l’aube de la révolution numérique, Art & Language produit un CD-ROM qui accompagne le catalogue de l’exposition Too Dark to Read : Motifs rétrospectifs 2002-1965 au Musée d’art Moderne de Lille métropole. En travaillant sur le projet, l’équipe curatoriale du Château de Montsoreau découvre progressivement que le code de ce CD-ROM revêt toutes les caractéristiques d’un code classique de site internet. Il est alors demandé à un webmestre de vérifier cette hypothèse, qui s’avère concluante.

 « Notre décision de mettre en ligne en 2022 un site internet conçu par Art & Language en 1999, vingt-cinq ans plus tôt, démontre à quel point Art & Language a pris conscience des enjeux de ce nouveau langage. La mise en ligne d’un site low-tech à l’heure de la course à l’hyper technologie est un choix assumé. Cela montre à quel point ce choix d'une technologie de programmation fiable et durable, facile à construire, laisse place à la créativité. Il évoque également la durabilité, la résilience et l'environnement », déclare Marie-Caroline Chaudruc, Directrice du musée.


Map for an Art & Language Website (1998-1999) est l’œuvre centrale du parcours d’exposition. Cette œuvre monumentale, la toute dernière acquisition de la collection Philippe Méaille, se présente sous la forme d’un grand rouleau de cinq mètres de long, présentant une nébuleuse de données, reliées entre elles selon un complexe réseau de ramifications, une « arborescence » dirions-nous aujourd’hui. Le visiteur est invité à surfer physiquement dans l’exposition, comme le suggère l’œuvre de Art & Language de 1975 intitulée Dialectical Materialism no.4 (SURF).

 « Il est légitime de s’interroger sur la matérialité du métavers, de savoir s’il sera coloré, noir et blanc ou fait de projections mais, comme dans le monde réel, ces questions décoratives ne doivent pas oblitérer l’essentiel qui est, que l’on ne peut y vivre seul », déclare Philipe Méaille, Président du Château de Montsoreau – Musée d’art contemporain.


Dès les débuts du collectif Art & Language, l’intérêt pour le numérique, en tant que nouveau langage, est palpable et donne lieu à la création de plusieurs œuvres.
Dans son film M1 (1968) David Bainbridge plonge dans un univers de science-fiction qui mêle art et technologie pour s’interroger sur la capacité d’une machine à devenir un média d’expression pour l’artiste.

En 1969, The Cybernetic Art Work That Nobody Broke, de Harold Hurrell se propose comme une œuvre interactive qui déjà porte un regard critique sur les algorithmes. Le dispositif invite l'utilisateur à entrer des choix mais, à l’exception de 1 et 0, les refuse tous, produisant des messages agressifs à l’endroit du spectateur qui a souhaité interagir avec la machine : "YOU HAVE NOTHING, OBEY INSTRUCTIONS !" [1]

En 1972, Art & Language montre Index 01 à la Documenta V de Kassel, le premier index d’une longue série. L’installation se compose de 8 classeurs avec chacun 6 tiroirs et des dossiers suspendus dans lesquels sont installés des textes imprimés ou tapés à la machine.  Les fichiers contiennent l’ensemble des textes publiés par la revue Art-Language. Le système d’indexation des textes est affiché au mur. Index 01 analyse les structures et les relations internes et intellectuelles d’Art & Language sur une période de plusieurs années, révélant un intérêt croissant pour les datas, les multiples tentatives pour les agencer et les cartographier.

«Art & Language est devenu pirate, soldat, poète, voire pire, glorifiant ou recherchant une forme de poésie destructrice dans des circonstances où, comme il s’en aperçoit maintenant, ce type d’entreprise ne peut qu’être à juste titre tournée en dérision. »

Confessions, 2011, Ecole Supérieure des Beaux-Arts du Mans


S’il est vrai que les nouvelles technologies intéressent Art & Language dès leur apparition dans les années 60, le collectif a pourtant toujours tenu à rester volontairement absent de la toile en raison des rapides dérives commerciales du web. Dans cette attitude distanciée, Art & Language n’a pas ouvert de compte sur les réseaux sociaux, ni créé de site « vitrine », ni diffusé de newsletter.  Le programme informatique écrit par Art & Language en 1998-1999 à destination du web n’avait ainsi encore jamais été mis en ligne.

Cette mise en ligne récente révèle sa conception qui rejoint la théorie énoncée par Marshall Mc Luhan selon laquelle « les anciens médias servent de contenus aux nouveaux médias ».   Les deux œuvres Homes from Homes I [2] et Homes from Homes II[3] servent de palettes de navigation pour se mouvoir au sein du site, lui-même constitué de sept sous-ensembles.

 

EXPOSITION  WWW.ART-LANGUAGE.ORG


22 mars – 30 juin 2022


Tous les jours de 12h à 18h


Château de Montsoreau – Musée d’art contemporain


Passage du marquis de Geoffre


49730 Montsoreau

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