Plusieurs cabanes étaient nichées dans les arbres de la forêt de Rohanne depuis plus de trois ans. Y vivaient des jeunes en parfaite autonomie. Ils travaillaient la terre pour se nourrir où aidaient les agriculteurs de Notre-Dame-des-Landes à des tâches agricoles. Certaines de ces cabanes avaient un relatif confort et d’autres jeunes habitaient des maisons à proximité. Ils vivaient en autarcie alimentaire avec leurs enfants.
Les autorités avaient décidé de nettoyer la forêt de Rohanne. Des gendarmes d'élite de haute montagne sont venus sur place pour monter dans les arbres et couper les liens de fixation des cabanes. En faisant une mauvaise manipulation l’un d’entre eux est tombé de plusieurs mètres sur une racine et a été admis à l’hôpital de Nantes.
Pendant que les gendarmes détruisaient les cabanes leurs occupants étaient perchés un peu plus haut insultant les forces de l’ordre et relayés par les manifestants tenus à distance.
Pour faire obstacle à la destruction de l’avant-dernière cabane 25 manifestants ont fait un sit-in au pied de l’arbre. Ils ont été refoulés sans ménagement par les forces de l’ordre.
Les cabanes détruites ne résoudront pas le problème puisque d’ores et déjà les jeunes se réinstallent sous des tentes sur les terres de Notre-Dame-des-Landes qui prend progressivement l’allure d’un nouveau Larzac.
Pour Gilles Denigot (EELV) présent sur place « les jeunes, ils s’inscrivent dans un complément utile à la lutte contre l’aéroport. » « Je regrette qu’ici avec le déploiement des forces de l’ordre il y ait de la provocation pour générer de la violence».Pour lui «les ha en compensation ne sont pas trouvés, le rapport concernant la loi sur l'eau vient de sortir, les recours ne sont pas encore examinés, les autorisations de travaux ne sont pas données, personne ne peut dire aujourd'hui que le projet ne sera pas remis en cause ». Il regrette la faible mobilisation politique .« Où sont Bayrou et Mélenchon ? , Noël Mamere devrait venir ».
Alain, ancien paysan est opposé à l'aéroport, il habite à 50 km au nord du site. Il vient tous les deux jours. « C'est une pollution. On va détruire de façon irréversible 2 000 ha. On perd des zones humides. C'est un projet inutile. Nantes n'est pas saturé. Les grands hubs internationaux sont fixés, Les A380 ne se poseront pas ici (pistes de 2 900 m) ». Pour lui le cumul des mandats est en partie responsable. « Les élus qui décident ne reculent pas. Un successeur pourrait accepter de reconnaître l'inutilité du projet, maintenant c'est difficile. Il y a un monopole en Loire-Atlantique, il n'y a pas de place au PS pour des élus qui seraient contre l'aéroport ». EELV, il les trouve « timides », pour lui « Cécile Duflot elle parle de faire des logements pour les gens à revenus faibles et elle ne dit rien quand on détruit des maisons ici ».
Des jeunes, masqués ou non, calmes ou provocateurs, insultent les gendarmes imperturbables. Ils s'échangent des informations sur ce qui se passe ailleurs dans la forêt, des barbes grises confient que « ça sent le Larzac ».
Camille « occupante », « nous sommes plus forts et plus nombreux, nous sentons un grand mouvement de solidarité, en France et dans le monde». Elle remarque que « la première semaine les forces de l'ordre étaient venues nombreuses, que le dispositif était dit allégé la deuxième semaine mais que depuis hier ils sont plus nombreux ». « Ça se réveille, on n'est pas impuissant contre la résignation, la zone est immense, ils ne pourront pas tout quadriller ».
Et la violence ? « Tous les occupants ne sont pas non violents, mais d'où vient la violence ? Il y a eu un blessé envoyé aux urgences, touché aux jambes par des éclats de métal d'une grenade assourdissante, d'autres ont été atteints par des tirs tendus de flash balls. On réfléchit on fera un grand rassemblement le 17 novembre. »
Il se dit sous les arbres que le préfet aurait fait savoir que la forêt sera rasée pendant l'hiver.
Les gendarmes baissent les visières et repoussent les manifestants, bousculade, quelques personnes sont à terre, les forces de l'ordre les rapportent à leurs camarades, à quatre, chacun tenant un membre sous les huées.
Vers 13 heures, il restait encore une cabane dans un arbre de ce secteur, en attendant que d'autres soient reconstruites un peu plus loin, selon les manifestants.
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