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Notre-Dame-des-Landes : Les Zadistes dénoncent les arrestations suite au rassemblement du 22 février à Nantes

Un mois avec sursis à neuf mois avec sursis et 4 455 € de dommages et intérêts pour dégradations. Ce sont les peines annoncées par le juge comme suite aux débordements du 22 février lors du grand rassemblement contre l'installation de l'aéroport de Notre-des-Landes. Les Zadistes (ZAD :zone é défendre) donnent leur avis sur le déroulement des faits, et commentent dans un communiqué que Media-Web diffuse en intégralité*.

« Suite à la manifestation du 22 février à Nantes contre les menaces d'expulsion de la zad et de démarrage des travaux de l'aéroport, nous faisons face à une campagne continue d'arrestations. Fait nouveau dans ce pays, ces arrestations se font en majorité a posteriori, sur des bases d'images vidéos, d'appels à délations et de croisements avec des fichiers politiques.

La manifestation
La manifestation du 22 février avait regroupé plus de 50 000 personnes et 500 tracteurs. Son parcours avait été prohibé, au dernier moment, par le Préfet. Mais des milliers de personnes ont décidé de braver la zone rouge et se sont, de fait, mises ainsi dans l'illégalité. Le jour même la répression policière, à coup de gaz, grenades et flashballs, a été particulièrement féroce. Trois personnes y ont perdu l'usage d'un oeil.
Dans les semaines qui ont suivi la manifestation, une campagne politico-médiatique de diabolisation s'était mise en oeuvre, sans succès, pour diviser et fragiliser le mouvement. Au final le gouvernement n'a eu d'autre choix que de mettre le projet d'aéroport en stand-by pour une durée indéterminée et peut-être à jamais.

De nouvelles arrestations

Mais quatre mois après, l'État continue à se venger de cet affront, sur le plan judiciaire : en isolant des personnes et groupes qu'il incarcère pour distiller la peur au plus grand nombre.
Une vingtaine de personnes arrêtées dans les semaines et mois qui ont suivi la manif sont déjà passées en jugement.
- Une d'entre elles a été condamnée à un an de prison ferme pour avoir fabriqué et utilisé des fumigènes. Une manifestation de soutien aux inculpés et blessés a déjà regroupé plus de 1500 manifestants le 19 mai. La solidarité continue à se diffuser, avec des appels à rassemblements de soutien lors de deux nouvelles journées de procès d'inculpés du 22 février. Dans ce contexte et deux jours avant le procès du 19 juin, six nouvelles arrestations sont survenues.
- Un jeune Rennais a été arrêté mercredi matin à domicile, inculpé pour des faits de dégradation pendant la manifestation du 22 février. Il est resté en garde à vue jusqu'à son passage devant le juge ce jeudi. Après avoir refusé la comparution immédiate, il a été remis en liberté jusqu'à son procès le 10 juillet.
- Cinq autres ont été arrêtées mardi suite à un contrôle par la bac, soit-disant "de routine", sur le périphérique nantais. Parmi elle, R. une des personnes qui devait passer en procès jeudi et se rendait à Nantes pour voir son avocat avec des amies. Après 48 heures de garde à vue, quatre d'entre elles se sont vues inculpées de recel, soupçonnées d'une sombre histoire de vol de lampe frontale, et de refus d'identification (signalétique et adn). Beaucoup plus grave, elles se voient accusées, sous prétexte de la présence dans leur voiture d'affiches, d'appel au rassemblement du 19 et du 27 juin ainsi que d'une boîte à outils, "d' association de malfaiteur", en l'occurrence "entente établie en vue de commettre un rassemblement armé devant le tribunal de Nantes". Ils risquent jusqu'à cinq ans de prison pour ce délit. Le ministère public a demandé le maintien en détention provisoire pour deux d'entre elles, en argumentant sur l' " absence de garantie de représentation" de l'un et sur le "passé activiste"de l'autre. Au final le juge a confirmé la mise en détention du premier et la libération des trois autres, avec contrôle judiciaire et interdiction de présence en Loire-Atlantique et ce jusqu'à leur procès le 18 juillet.


Le procès de ce jeudi

Sur les quatre personnes qui sont passées en procès aujourd'hui pour des faits liés à la manifestation du 22 février :
- R est inculpé sur la base de photos floues, montrant une personne masquée levant la main en direction de l'Hôtel de ville et d'une autre photo montrant quelqu'un sortant du local de Vinci avec un fumigène. R avait été identifié comme étant cette personne sur la base des fiches politiques de la DCRI et d'une photo de lui à 13 ans. R a nié être cette personne. Sur la simple base des photographies, la juge l'a condamné à 9 mois de prison avec  sursis, interdiction de se rendre en Loire-Atlantique pendant deux ans et à une amende de 4500 euros pour les dégâts occasionnés sur la mairie. En somme elle a appliqué à la lettre les réquisitions de la procureur. Celle-ci avait reconnu à demi-mot que le dossier était vide, mais avait placé la décision sur un plan politique en argumentant sans état d'âme, qu'en l'absence de preuves plus probantes, la juge devait prendre parti malgré tout entre le ministère public et la défense. Trois autres personnes ont été condamnées :
- K, accusé d'avoir jeté en direction des forces de l'ordre et interpellé en possession d'un marteau et d'un burin, a été condamné à quatre mois avec sursis assorti d'une mise à l'oeuvre (obligation de trouver du travail) et 105 heures de tig**.
- C. accusé de participation à attroupement armé et jet de canette sur les forces de l'ordre a été condamné à deux mois avec sursis simple.
- G. arrêtée en possession d'un marteau a été condamnée à un mois de sursis.

Solidarité ou « Associations de malfaiteurs »
Après le succès du 22 février, l'impossibilité d'expulser la ferme nouvellement occupée à Saint-Jean du tertre et d'empêcher l'acheminement et la construction d'un nouveau hangar au rosier, l'État se venge comme il peut face à un mouvement qui ne cesse de monter en puissance. Pour paralyser la contestation, il vise tout d'abord à faire accepter la mise en place de nouveaux dispositifs répressifs. Ceux-ci nous concernent tous et toutes car ils menacent les possibilités de lutte en général. Ils s'attaquent à présent aux soutiens et amis des inculpés : les manifestations de solidarité deviennent des "associations de malfaiteurs".
Aujourd'hui, deux cents personnes se sont rassemblées malgré tout devant le tribunal de Nantes.


Nous ne nous laisserons pas gagner par la peur. Plus que jamais, une solidarité massive doit se construire à l'échelle du mouvement contre l'aéroport et bien au-delà. Le prochain moment pour l'exprimer sera le 27
Juin, de nouveau devant le tribunal de Nantes et partout ailleurs où des rassemblements et actions pourront s'organiser ».


Communiqué Des manifestant-e-s du 22 février, des occupant-e-s de la zad, des collectifs et personnes en lutte.

*nous avons ajouté les intertitres – La redaction
*tig (travaux d'intérêt général- ndlr)

20/06/2014 | 1 commentaire
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Vos commentaires

#1 - Le 21 juin 2014 à 09h57 par CQFD
On s'étonne encore une fois du laxisme de la justice devant ces perturbateurs violents et inciviques.
Ce refus de nouvel aéroport décidé démocratiquement après des années de concertation est devenu un symbole d'absurdité.

Les surfaces concernées par l'aéroport sont inférieures à celles de 10km d'autoroute ou de ligne TGV.

Le déclin de la France s'explique bien par ces lâchetés et refus d'évolution.
Notre retard prends de l'ampleur et le chômage n'est pas prêt d'être éradiqué.

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