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Notre-Dame-des-Landes : les fugueuses nous interrogent

Deux jeunes filles mineures avaient rejoint les opposants à Notre-Dame-des-Landes. Elles sont rentrées au bercail.
Les fugueueses sont rentrées
Les fugueueses sont rentrées

16 et 17 ans, deux grandes filles, Geneviève et Camille, elles auront leur bac l'année prochaine. Elles quitteront alors sans doute la maison de leurs parents. Et cela, même si elles sont encore mineures alors, n'interpellera personne puisque ce sera « pour l'école », elles seront « en avance ». Elles iront habiter loin, en colocation, ou en cité universitaire. Elles ne rentreront pas tous les soirs ; elles ne raconteront pas tout à leurs parents. C'est la vie.
Par ailleurs, il y a les nouvelles. Ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes a tout pour intéresser les ados. L'écologie, l'économie, le pouvoir, les choix de vie, la camaraderie, la vie en communauté, les idées, les débats, le futur. Les autres générations ont eu leurs grands sujets, la vie en Kibboutz, le refus de la guerre du Vietnam, l'aide aux Républicains d'Espagne, Le Larzac, Malville, Plogoff etc.. Que les parents se souviennent : « non tu n'iras pas !» disaient les leurs dans des situations similaires. Mais pour quelles vraies raisons ? La seule qui devrait être reconnue est celle de leur sécurité.

Si ces jeunes filles avaient demandé à passer les congés scolaires sur le site, à y revenir en février pour assurer un relais comme font tant d'opposants, leurs parents auraient-ils accepté ?

Elles avaient décidé de s'installer quelques jours ou quelques semaines avec les autres « occupants », est-ce si grave ? Elle se seraient lavé sûrement moins qu'à la maison, elles auraient mangé différemment de leurs habitudes, elles auraient eu un peu froid, les pieds humides quelquefois. Elles risquaient de rater leur année scolaire ? Oui, comme si elles avaient été malades, ni plus, ni surtout pire.

Que risquaient-elles réellement ? Oui, il y a sur le site des filles et garçons qui boivent et qui fument, certains sont violents. Pas plus que dans le train, dans le métro ou à la fac. Elles n'étaient pas à l'abri d'une mauvaise rencontre.
Elles ont surpris leur entourage. Comme des ados. Elles n'en ont pas le droit puisqu'elles ne sont pas majeures. C'est la puissance de la pendule. Dans un an, ou un an et demi, elles pourront, mais pas maintenant. Comme les jeunes hommes qui voulaient s'engager avant « l'âge ». Là, on entend les « oui, mais là c'était sérieux, la défense, la liberté, la patrie… ». Certainement, mais ici aussi, tout est très sérieux à cette période si romantique de notre vie. La protection de la planète ce n'est pas sérieux peut-être ?
Nos idées, notre capacité à nous interroger sur ce que sera notre vie ne se développent pas d'un coup, le jour de nos dix-huit ans. Souvenons-nous de nos propres idéaux, de nos colères, de nos envies de partage, de nos parents « qui ne comprenaient rien ».

Elles ont dérangé tout le monde ces jeunes filles, et les opposants en premier lieu. Que faire de ces encombrants colis estampillés désormais comme « camarades ». Peu importe pour quoi ou pour où elles sont parties. Le principal est qu'elles seraient rentrées quand elle auraient voulu. Qu'on ne leur dise pas « qu'elles ne sont pas capables de décider de rester, qu'elles sont trop jeunes ». Dans un peu plus d'un an, elle voteront, Geneviève et Camille.

Manuel Valls a refusé « d'envoyer les gendarmes », c'était une bonne décision. Qu'elle ait été prise parce que « ça peut-être dangereux » n'est pas une bonne raison. Si elles avaient été kidnappées, nous leur devrions assistance, dangereux ou pas, pour les tirer de-là. À lire leurs déclarations ce ne semble pas être le cas.

Leur rébellion est une affaire privée, familiale. Dans 15 ou 20 ans quand Geneviève et Camille auront des difficultés à se faire obéir de leur enfants, il y aura bien quelqu'un pour leur resservir cet épisode de leur vie. Et, espérons-le, cela fera bien rire tout le monde réuni autour de la table. En attendant peut-être pourrions-nous respecter deux jeunes personnes qui n'ont pas attendu d'être majeures pour exprimer un engagement qu'elles estiment juste.

Parmi les sujets de débats à Notre-Dame-des-Landes, il y a le sexisme.
Si Geneviève et Camille étaient des garçons, dans les mêmes circonstances, ferait-on tant de bruit ?


 

Auteur : LY | 01/01/2013 | 0 commentaire
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