www.media-web.fr

Notre-Dame-des-Landes : l'aéroport ne sera pas rentable selon l'analyse d'un PDG de Loire-Atlantique

Pour  Jean-Marie Ravier, PDG de Mécan’outil à Ancenis, le projet d’aéroport Notre-Dame-des Landes ne sera pas rentable. Il explique dans une longue lettre ouverte à François Hollande pourquoi il vaut mieux réactualiser celui de Nantes.

"Monsieur le Président, et cher camarade,
(Je me permets cette familiarité en tant que co-diplômé Service Public 74, de la rue Saint-Guillaume [Institut d’études politiques]).
Vous avez reçu ces derniers mois des courriers de Marcel et Sylvie Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau, de Chantal et Thierry Drouet, de Geneviève Lebouteux, de Jacques Chiron, de Françoise Verchère, de Patrick Baron, de Michel Tarin, d’Anne-Marie Chabod, de Philippe Trotté, d’Agnès Belaud, d’un collectif d’Orvault, de Dominique Fresneau, de Benoît Rubin, du CéDpa, d’Eric Jean, de Violette Boiveau, de Christophe Mounier, de Marie Jolivel et de Thierry Masson, soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien. La commission de dialogue mise en place a effectivement une mission très limitée et nous insistons pour vous rencontrer personnellement.
Ce courrier a pour but de vous apporter un éclairage différent, sur le problème largement traité de « l’Ayrauport ». L’éclairage d’un chef d’entreprise de la région nantaise.
Différent parce que la plupart de mes confrères sont encore unis derrière l’étendard de la Chambre de Commerce, pilier historique du projet NDDL.

 

Le financement

Or, si l’on regarde le projet avec l’éclairage que vous connaissez bien de la Cour des Comptes, on ne peut que constater que les 600 millions d’Euros du projet devront bien être financés un jour, cela se fera majoritairement par les quatre millions d’usagers annuels, ce qui renchérira le coût de chaque billet aller-retour de 20 euros environ.
Nantes Atlantique est totalement amorti, les rares extensions récentes ont été faites de façon frugale par une chambre de commerce obsédée de longue date par la perspective de NDDL.

 

L’aéroport actuel est hypercompétitif, personne ne le dit !

Cette explosion inéluctable des taxes d’aéroport représente à la fois peu et beaucoup. C’est peu pour les vols charters longue distance, car on touche à des voyages à budget élevé : 1 500 à 3 000 €. C’est beaucoup pour les vols low cost. Un aller-retour Nantes Nice, Nantes Marseille, Nantes Genève, coûte souvent moins de 100 euros, soit moins cher que les 120 à 140 euros d’un aller-retour Nantes Paris en TGV en seconde à la même échéance.
On ne vous dit pas tout ! La belle croissance du trafic de Nantes s’est faite ces dernières années, et se fera les années à venir par la croissance du low cost, RYANAIR, EASYJET, plus récemment VUELLING, et VOLOTEA, qui vient de créer à Nantes un véritable pôle low cost.
Notre Dame des Landes, va faire fuir ces low cost. Des expériences multiples prouvent qu’elles sont frileuses et allergiques aux taxes d’aéroport élevées. Rennes et Angers sont prêts à dérouler le tapis rouge pour les accueillir, et NDDL redescendra inéluctablement sous les trois millions de passagers annuels. Désastre financier garanti ! Impossibilité de couvrir les frais directs d’un aéroport surdimensionné et, encore plus grave, de rembourser une dette très importante.
Désastre surtout pour le contribuable car l’équipe d’avocats de VINCI a très bien « blindé » son contrat !

 

Double pénalité

Le chef d’entreprise que je suis sera pénalisé doublement :

1- Parce que l’explosion du low cost nantais ces derniers temps m’a permis une bien meilleure présence commerciale sur certains territoires, notamment à l’exportation, mon carnet de commandes en ressent déjà l’impact favorable, malgré la conjoncture.

2- Tout parallèlement, mes clients viennent beaucoup plus facilement me rendre visite, des Anglais la semaine prochaine, des Suisses dans quinze jours, qu’il était très difficile de faire venir avant le low cost.
Le low cost favorise donc de façon significative l’activité et la compétitivité (mot à l’ordre du jour) des entreprises régionales. Sans parler de l’impact qu’aurait le départ des low cost sur le tourisme local…
En conclusion, NDDL sera une plate-forme non compétitive, ce qui fera fuir les low cost avec des impacts lourds sur l’activité et l’emploi.
Deuxième considération, là aussi jamais évoquée dans le débat NDDL :
Le low cost que j’utilise fréquemment, peut aussi être analysé à travers le prisme de l’analyse sociologique, que l’on apprend aussi Rue Saint Guillaume. Il est frappant de constater que l’on est très loin de l’ambiance feutrée, très « jet set » du transport aérien des années passées.
Les passagers du low cost proviennent de toutes les CSP [classes socio-professionnelles], même les plus modestes. C’est comme aux USA un transport de masse, qui démocratise totalement le voyage, moins cher encore une fois que le rail, et même avec des profits pour les compagnies concernées (les seules du secteur aérien constamment profitables et en croissance).
Votre sensibilité politique devrait être sensible à cette démocratisation objective et indiscutable des voyages aériens.
Démocratisation qui sera remise en cause par NDDL, et le départ des low cost.

Politiquement

Troisième point original, plutôt dans une optique purement politique : Nantes est un bastion socialiste mais ce bastion est fragile. Pourquoi ? Deux raisons :
1- Les automobilistes nantais, malgré les efforts énormes (et ruineux) en faveur des transports en commun, réalisent une part incompressible de 55% des déplacements. Une majorité donc, liée en très grande partie à l’urbanisme « tâche d’huile » de la métropole qui rend la voiture indispensable pour beaucoup de déplacements. Cette majorité commence à être excédée des embouteillages, des pertes de temps quotidiennes, et de la pollution que cela engendre. Pertes de temps qui sont également au détriment de la compétitivité du tissu économique régional.
Cette majorité d’automobilistes réclame une troisième file sur la rocade de NANTES, bloquée une bonne partie de la journée, elle réclame des parkings beaucoup plus grands, aux extrémités des réseaux de transports en communs. Les parkings actuels sont saturés de très bonne heure chaque matin.
Ces travaux pourraient être financés très facilement avec une fraction des sommes budgétées pour la desserte de NDDL, et ils changeraient la vie de nombreux automobilistes qui sont aussi des électeurs.

2- Lors des prochaines élections, la donne sera radicalement changée :
 Jean Marc Ayrault ne sera plus là !
 L’alliance électorale avec les Verts ne sera vraisemblablement plus à l’ordre du jour
Risque majeur que Nantes bascule à droite surtout si l’on continue à brimer la majorité silencieuse des automobilistes pour les pousser dans les transports en commun !
Maintenant, quelques considérations plus techniques, et là c’est l’ingénieur qui s’exprime ! (Centrale Paris).

 

Le bruit des avions va baisser

On ne vous dit pas tout ! Le bruit des avions baisse aussi vite que leurs exigences en carburant, les vieux aéronefs bruyants sont retirés du service, car ce sont également des gouffres à kérosène. L’empreinte sonore des nouvelles générations d’aéronefs équipés de réacteurs UDF unducted fans (post 2025) n’excédera pas les limites des plate-formes aéroportuaires.
Demandez donc aux services de l’Etat de remettre à jour le plan d’exposition au bruit (PEB), en tenant compte des machines retirées du service depuis 10 ans pour les plus bruyantes, cela montrerait une volonté objective de faire avancer les choses ! On verra que le problème du bruit ne fait courir aucun risque à l’urbanisation de l’île de Nantes, comme un ancien maire avait pu le craindre !

 

La liaison ferroviaire vers Notre Dame des Landes

On vous a caché aussi qu’il était facile de prolonger une des lignes de tramway jusqu’à Nantes Atlantique, (1 500 m depuis le terminus de la Neustrie, zone non urbanisée). La desserte ferroviaire tram-train prévue pour NDDL coûtera au bas mot 20 fois plus cher ! Sans parler des trois milliards d’euros du TGV Nantes Rennes via NDDL.
Dans le contexte financier actuel, il est facile de comprendre que cette liaison ne se fera jamais ! Il faut l’avouer aux Français. Il faut également mettre à jour le dossier VINCI si l’on veut éviter que le contribuable, taillable et corvéable à merci, ne doive indemniser le concessionnaire, qui aura subi un préjudice de ce fait.
En tout cas, les taxis nantais se réjouissent de NDDL ! A juste titre : ils pourront renouveler leurs grosses AUDI et MERCEDES plus fréquemment….

 

Réactualiser Nantes Atlantique

Il faut également que vous sachiez qu’au voisinage immédiat des aérogares prétendument en voie de saturation de Nantes Atlantique, se trouvent des hangars pour petits avions privés. Très pratique pour les mandarins de la chambre de commerce et leurs amis ! Aller à Belle Ile ou l’ile d’Yeu en avion privé, c’est quand même bien agréable !
En conclusion, NANTES ATLANTIQUE est un excellent aéroport, très compétitif, très facile à mettre à jour progressivement, du fait de ses réserves foncières importantes. La chambre de commerce avec son obsession pour NDDL, l’a fait évoluer de façon très frugale, ce qui représente un gros atout aujourd’hui.
Les contribuables nantais apprécieront certainement que l’on dépense leur argent pour améliorer leur vie quotidienne, et non pour un équipement absolument inutile et qui handicapera la compétitivité de leurs entreprises, l’attractivité de leurs activités touristiques, et alourdira leurs impôts.
Dans l’attente de votre proposition de rencontre, je vous assure, Monsieur le Président, de toute ma considération."

Le Président Directeur général
Jean-Marie RAVIER

02/02/2013 | 7 commentaires
Article précédent : « Notre-Dame-des-Landes : des données pour se faire une opinion »
Article suivant : « Notre Dame-des-Landes : nouveau sursis »

Vos commentaires

#1 - Le 03 février 2013 à 02h42 par ouinddl
Ce chef d'entreprise n'est assurément pas comptable !
Comment 4 millions de passagers annuels devant amortir 600 millions d'euros représente-t-il 20 euros par aller retour ?
Cela ferait 10 euros par passager, donc 40 millions d'euros chaque année, donc sur une durée de 50 ans, je multiplie par 25 (pour tenir compte du taux d'intérêt), cela représente 1 milliards d'euros !

La réalité, c'est que même si les passagers devaient financer tout l'aéroport via les taxes, cela représenterait plutôt 10 euros par aller/retour que 20 euros.

Ensuite le chef d'entreprise n'est pas ingénieur : sait-il que la configuration de NDDL permettra d'importants de productivité des compagnies aériennes ? Temps de roulage plus court, piste mieux orientée et plus disponnible, donc temps de roulage moins long, temps de vol moins long, rotation plus rapide des appareils, économie de kérosène.... toute sorte de chose qui permettront facilement d'absorber les 10 euros ci-dessus.

Ce chef d'entreprise n'est pas non plus un commercial. NDDL est mieux positionné que Nantes Atlantique, a une meilleure zone de chalandise... ce qui devrait donc inciter les low cost, soucieuses de remplir leurs appareil, à s'y poser !

Enfin, puisque le chef d'entreprise considère que ce sont les passagers qui vont financer l'aéroport et sa desserte (ou alors que celle-ci ne verra pas le jour, à la fin de son texte...), comment espère-t-il récupérer ces sommes pour faire autre chose ? vu que dans son esprit, ce n'est pas un financement par budget public ?

Et si ça l'est son calcul précédent de 20€/AR pour financer 600 millions d'euros est d'autant plus faux qu'il n'y aurait pas 600 millions d'euros....

Face à autant d'incohérences, il ferait peut-être mieux d'admettre que son confort égoiste lui fait préférer NA, auquel il accède plus vite par la route que NDDL, qu'il se fiche bien du survol de Nantes puisqu'il habite Ancenis.... mais que peut-être il craint surtout pour l'aérodrome d'Ancenis une fermeture...
#2 - Le 03 février 2013 à 09h10 par Masson, Laplaine Sur Mer
On ne peut même plus brandir l'arme fatale .que sont les élection , pour faire changer d'avis nos dirigeants irresponsables sur des sujets aussi importants que l'ANDL.Notre vie de tous les jours ;ils s'en foute. Pour eux dirigeants ou pas , leurs grosses retraites , dispropotionnées , par rapport au commun des mortels , sont assurées.
ABS.
#3 - Le 03 février 2013 à 09h30 par pigne, Nantes
Tout est dit avec votre expression familiére "l'ayrauport" partisan du non développement Monsieur resté à Ancenis et laissé les Nantais choisir leur futur
De plus vos voisins de chez Manitou vont être contents de connaitrent votre position
Cdt,
#4 - Le 04 février 2013 à 22h17 par Jeff
Ce chef d'entreprise n'a pas tort! Développement économique oui mais n'oublions pas l'info du jour dans le journal OF, le PDG de Vinci affirme que l'A380 ne pourrat pas venir à NDDL et qu'il n'est prévu aucun vol vers l'Asie ou l'Amérique. Autant garder l'actuel aéroport, et au pire si il sature vraiement on peut mettre des avions à Angers ou Rennes.
#5 - Le 05 février 2013 à 18h43 par ravier, Nantes
OUINDDL devrait un petit peu financer la finance en général, et le financement de NDDL en particulier.
Le contribuable paye 260 millions plus le tram train 180 millions environ, mais çà n'impacte pas la taxe d'aéroport.
VINCI finance 310 millions, 100 millions en fonds propres rémunérés contractuellement à 12%, le reste en dette.
La dette à long terme est très chère, même pour les triple A, EDF paye 5,5% par an!
Si l'on calcule l'annuité constante sur 30 ans de 100 millions à 12% et 210 millions à 5,5%, on est environ à 40 millions par an, d'où les 10 Euros par trajet.
Quand à l'excellente configuration de NDDL, rejetée unanimement par les pilotes, les gains sont mineurs en décollage (temps incompressible entre la mise en route des moteurs et le décollage, pour permettre toutes les vérifs, et la montée en température des réacteurs) et du deuxième ordre à l'aterrissage par rapport à NA, par passager, moins d'un euro! Compensé par le surcout d'une plate forme très surdimensionnée...

troisième point, la finance libérée par l'abandon de NDDL, ouinddl devrait savoir que le contribuable paye 260 + 180 millions plus les dépassements liés aux modifications indispensables
Celà permet de faire pas mal de choses, plus utiles à la collectivité que cet aéroport totalement inutile.

En annexe à mon courrier à François HOLLANDE, je joignais le document où l'on voit NANTES ATLANTIQUE sacré meilleur aéroport européen en 2012
Celà devrait faire réfléchir certains!
#6 - Le 07 mars 2013 à 22h58 par NDDL Vite
******** MODERATEUR ****
#7 - Le 21 mars 2013 à 10h35 par Looping, Nantes
Le projet coutera bien plus cher que prévu, le sol de NDDL est composé d'argiles fines donc il faudra faire un enrochement complet des pistes, on sait tous ( voir le cas du nouvel aéroport de Berlin ) que les devis initiaux sont tous sous-estimés et datent de 5 ans alors que l' IDC ( indice des coûts à la construction ) prend chaque année 5 % depuis 10 ans ( voir site INSEE ).
Le projet coûtera au bas mot 3 fois plus cher.
Vinci ne souhaite pas du tout avoir une liaison Tram ou train vers NDDL car il gagne de l'argent avec les parkings autos ( c'est la clé de leur rentabilité ).

En tant qu'ancien PNT je connait bien l'actuel terrain de Nantes Atlantique et il n'est ni dangereux, ni saturé, seul les parkings le sont et là c'est encore un choix délibéré puisque le terminus de Tram est juste de l'autre côté du périphérique mais alors Quid de la manne généreuse des parking et du lobby des taxis ........

De plus si l'aéroport est transféré au nord Loire, le traffic automobiles devra passer par le pont de Cheviré et le rond point d'ARMOR ( déjà saturé le matin et le soir !!! ) donc je vous laisse imaginé la perte de temps pour tous.

Non la vraie raison est que les élus veulent récupérer les terrains actuellement non-constructibles autour de l'aéroport pour augmenter la population de l'agglomération car si l'on veut compter aujourd'hui il faut être toujours plus grand toujours plus gros !!!!!!

Je pense que le sujet va ressortir en force avec le printemps, donc bientôt.

Bonne lecture à tous et n'oublions pas que c'est de l'argent public et que nous avons le devoir de ne pas le gâcher !!!

Laisser un commentaire

*

*

*

*

Les champs marqués d'une étoile sont obligatoires

Media Web Agence de presse et marketing Images & Idées Média-Web Avenue de l’Université 24 CH-1005 Lausanne
www.media-web.fr  |   Nous contacter