Michel Guisseau est né le 14 septembre 1928 à La Plaine sur Mer dans la demeure familiale de la Douterie où il vit toujours. Il est élu premier magistrat de la commune en 1953, endossant le titre de plus jeune maire de France. Il n’a que 24 ans. Son père et son grand-père paternel ont déjà eu l’honneur de siéger au sein du conseil municipal. Plus de cinquante ans d’engagement citoyen s’ouvrent alors à lui. Son sacerdoce ne se démentira jamais au fil des ans. Michel Guisseau sera même élu à plusieurs reprises conseiller général et conseiller régional. Il préside toujours aujourd’hui le conseil d’administration de la maison de retraite « L’Accueil de la Côte de Jade ».
Depuis de nombreuses années, il porte en lui l’idée d’écrire, pas sur sa vie, ni sur son parcours politique, mais sur les événements marquants, heureux ou malheureux, qui se sont produits dans sa commune, aux époques successives où sont grand-père, son père et lui-même ont été élus au conseil municipal. « Avant que ne s’effacent de ma vue les images du film de ma vie, de ce coin de terre qui m’a vu naître, il me semble intéressant de laisser à ceux qui me succèderont le visage d’un siècle charnière qui a complètement changé les façons de vivre, de travailler, de se divertir et remis en cause tant de préceptes vieux comme le monde », souligne-t-il dans son livre.
Ainsi, dans « Ma Plaine sur Mer, le pays où je suis né », il dépeint autant d’histoires qui ont contribué à façonner son image, terre de culture, de souffrances mais aussi de richesse humaine : la scission de Préfailles en 1908, l’existence du petit train de la Côte de Jade de 1906 à 1938, la vie sous l’Occupation allemande de 1940 à 1945, la première foire aux vins de 1961, etc. mais aussi la source de Port-Meleu, la vente avortée du presbytère, les drames de la mer, la naissance de la maison de retraite… Le passé est vecteur d’avenir. Il n’en oublie pas de rendre hommage aux forces vives associatives qui créent du lien et de la solidarité entre tous. Après deux années de recherches, dans les archives municipales notamment, et trois mois d’écriture, Michel Guisseau transmet un travail de mémoire indispensable pour les générations actuelles et futures.
Parcours politique
- Maire de La Plaine sur Mer de 1953 à 1973 puis de 1989 à 1995 (1er adjoint aux finances de 1973 à 1989) ; conseiller général de 1976 à 1998 ; conseiller régional de 1979 à 1986.
- Président du syndicat d’électrification intercommunal de 1956 à 2008 ;
- 1er vice-président de 1992 à 2002, puis président de 2002 à 2008 du Syndicat départemental d’énergie ;
- Président fondateur du conseil d’administration de la maison de retraite de La Plaine sur Mer depuis 1987 ;
- Personnalité qualifiée au conseil d’administration de la maison départementale de Mindin depuis 1976.
Extraits
La scission de Préfailles
En 2008, Préfailles fêtait son centenaire. Ce petit bout de terre de moins de cinq-cents hectares était autrefois un hameau de La Plaine. Mais la loi du 19 février 1908, organisant le démembrement de cette dernière, lui permettait d’être érigée en commune à part entière. Tel un iceberg détaché de sa banquise, le territoire côtier se trouvait définitivement détaché de sa campagne naturelle.
Cette scission ne s’est pourtant pas faite avec l’accord des élus de l’époque. Alors comment en est-on arrivé à ce résultat ? Les archives municipales le révèlent.
Au début du siècle, Préfailles a tout d’une station balnéaire. Elle est en plein essor économique. Les touristes affluent. Les hôtels fleurissent. Les propriétés bienfaitrices de la source de Port-Meleu ne sont pas étrangères à cet attrait. L’arrivée de la ligne de chemin de fer en 1906 va encore accroître ce phénomène. Quelques habitants et propriétaires, principaux pour certains, secondaires pour d’autres, vont se mettre à rêver d’une indépendance…
Le petit train de la Côte de Jade
A la sortie du bourg de La Plaine, en direction de Préfailles, les automobilistes franchissent le rond-point de la Croix Bouteau sur lequel un étrange édifice se laisse contempler. Cette ruine au demeurant, auprès de laquelle une locomotive est matérialisée, rappelle qu’autrefois une ancienne gare ferroviaire existait dans les environs. Elle était située à quelques mètres de là, à proximité du stop de la rue de la Musse. Les travaux de contournement sud de la commune ont eu raison de son existence en 2003.
C’est en 1901 que le conseil municipal est saisi d’un avant-projet de construction de la ligne de chemin de fer Pornic – Paimboeuf. Le 10 mars, les élus se prononcent en faveur du futur tramway appelé aussi à traverser Le Clion sur Mer, Sainte-Marie sur Mer, La Plaine, le Cormier, Tharon, Saint-Michel-Chef-Chef, les Rochelets, Saint-Brévin-l’Océan, Saint-Brévin-les-Pins, Mindin et Corsept. La ligne sera d’une longueur de trente-neuf kilomètres et deux-cents mètres, auxquels il faudra ajouter un embranchement de La Plaine à Préfailles d’un kilomètre et six-cents mètres. Ce tronçon a pour particularité l’impossibilité pour la locomotive de faire demi-tour. Il exige un rebroussement de la rame, autrement dit une marche arrière.
En ce début de siècle, le réseau ferroviaire français est constitué de lignes principales et d’une infinité de réseaux d’intérêt local. Leur principal but est de relier les bourgades dépourvues de transports en commun entre elles.
Sous la présidence du maire Théodore Viaud, le conseil municipal reconnaît à l’unanimité « l’utilité du projet tant pour la difficulté que l’on rencontre aujourd’hui à voyager que pour le transport des denrées et marchandises qui sortent de cette commune. Le projet est surtout utile pour le transport des nombreux "étrangers" qui viennent séjourner chaque année sur nos plages ». A l’époque, il n’est pas aisé de se rendre sur le littoral ; les correspondances sont défectueuses. L’avant-projet est donc accueilli par tous comme un bienfait pour la commune toute entière…
La vente avortée du presbytère
En cette séance du 21 novembre 1937, le maire Auguste Mouraud soumet au conseil municipal une demande émanant de la cure et tendant à obtenir des réparations au presbytère et à ses bâtiments annexes. Tout en reconnaissant le mauvais état des édifices, principalement des couvertures, il souligne que le budget de la commune ne dispose pas de crédits suffisants pour répondre à une telle demande. Il serait nécessaire de recourir à l’emprunt.
Considérant alors que le presbytère est une charge et nécessite un entretien trop lourd financièrement, les élus soumettent l’idée d’entrer en pourparlers avec l’autorité ecclésiastique, en vue d’aliéner cet immeuble et ses annexes après expertise.
L’idée peut paraître surprenante, voire saugrenue, mais elle est bien réelle. La loi de séparation des Eglises et de l'Etat, adoptée à l'initiative du député socialiste Aristide Briand le 9 décembre 1905, est peut-être revenue à l’esprit de certains !
Une majorité d’électeurs s’avoue scandalisée par cette décision. Ils en font part à leurs élus. Le 26 décembre 1937, une séance extraordinaire est ordonnée. Des conseillers, émus des protestations dont ils ont été saisis à l’encontre des propos tenus par le maire publiquement, soulignent l’indignation d’une grande partie de la population. Regrettant que le premier magistrat n’ait pas respecté, dans leur esprit, son devoir de réserve vis-à-vis de l’assemblée, ils sollicitent l’annulation de la décision du 21 novembre. En outre, ils demandent que les réparations soient effectuées et que l’horloge publique soit remise en état de fonctionnement et remontée par le sacristain qui, à cet effet, percevra chaque année une indemnité qui sera fixée ultérieurement par le conseil.
En cette fin d’année 1937, cette première discorde au sein du conseil municipal sera annonciatrice de dissensions plus fortes qui le conduiront à sa perte…
La vie sous l’Occupation allemande
Le 3 juillet 1940, cinq militaires allemands arrivent à la mairie et prennent contact avec le maire Jean Hervé. Leurs exigences sont multiples. Une partie des locaux et des classes de l’école publique, de même que le presbytère et ses annexes seront occupés. Cela aura pour conséquence, d’installer les élèves dans les bâtiments de la colonie de vacances de la Renaudière. De nombreux logements sont réquisitionnés. Les habitants ont obligation de mettre à disposition leurs logements pour héberger la troupe et des abris pour les chevaux. Un vaste dépôt d’armes et de véhicules (camions et autres) est créé sur plusieurs hectares au sud du bourg, engendrant des risques certains de bombardements. Enfin, un couvre-feu est instauré de vingt-deux heures à six heures du matin.
Le 8 septembre de cette même année, le conseil municipal délibère et accepte la désignation d’une interprète allemande en la personne de Mademoiselle Marie Hermann. Après avoir obtenu l’accord du préfet, une rémunération mensuelle de cinq cents francs lui est allouée à la charge de l’Etat, au titre des frais d’Occupation, avec effet rétroactif au 1er septembre 1940…
Les Archives paroissiales
1962-1963
Cet hiver est rude. Des cygnes du grand Nord, tous épuisés, frigorifiés, affamés font escale. De mémoire, le phénomène n’a jamais été observé dans la région. Ils se laissent facilement approcher. Certains sont recueillis par la population, réconfortés et remis à la mer. Ils sont nourris par de nombreux habitants, la côte ne leur apportant rien à manger, tant ils sont rompus. La pêche est peu fertile. Le poisson et les crevettes se font rares. Seules subsistent quelques moules. Toute la journée, ils restent à proximité du rivage. Ils ne volent pas ; ils nagent sans cesse au gré des marées. Les bords de mer sont gelés durant cet hiver peu commun dans la région.
En avril, quatre cygnes sont encore observés à Tharon. Trois s’envolent, direction le marais de Bourgneuf. Le dernier, apparemment blessé, quittera les lieux fin juin-début juillet. Il naviguait solitaire, soit près de la côte, soit au plus loin des rochers à marée basse.
1967
Le curé Ladmirault fait électrifier la sonnerie des cloches, de même que l’horlogerie et donc la marche des quatre cadrans conséquents qui entourent les quatre faces de la tour-beffroi carrée de l’église.
Auparavant, les cloches étaient sonnées. Quatre hommes, peinant, juchés sur le mouton, manœuvraient le bourdon (deux mille cinq-cent-vingt-sept kilos) au pied. Une conduite épuisante. Il ne se trouve plus personne en 1967 pour effectuer ce travail. Les trois autres cloches sont mises en mouvement à la corde (tout au moins les deux plus légères).
Le système d’horlogerie, remonté à la manivelle chaque jour s’avère être en fin de fonctionnement. Il date du siècle dernier.
La synchronisation des cloches et de l’horloge permet automatiquement à l’heure d’être marquée en continu, mais les marteaux, un sur chaque cloche, qui normalement frappent les quarts et demis, se bloquent lorsque les quarts d’heure surviennent. On entend alors « ding, ding, dong » sur trois cloches (hormis le bourdon).
La vie associative (à propos de la batterie-fanfare du Réveil Plainais dont il fut membre)
La batterie-fanfare du Réveil plainais (qui comprend aussi une école de musique) est certainement la plus ancienne de toutes. Elle a été créée en 1945, au sortir de la guerre, par l’abbé Padiou, vicaire de la paroisse. Depuis soixante-sept ans, elle assure sa participation aux cérémonies officielles, aux fêtes locales et autres manifestations. Elle est une sorte de « porte-étendard » de la commune. Vitrine culturelle, richesse humaine multi-générationnelle, elle est le symbole d’une Plaine sur Mer dynamique. Elle le démontre à chacune de ses sorties dans le département et parfois même bien au-delà ! Sa réputation n’est plus à faire. Elle a été récompensée de prix à multiples reprises et désignée par trois fois première batterie-fanfare de Loire-Atlantique.
Son succès est indissociable de ses majorettes. Par leurs évolutions, elles apportent un brin de fraîcheur et d’expression corporelle à l’ensemble. Les monitrices, malgré leur dévouement, ont bien de la peine à garder leurs exécutantes au-delà d’un certain âge. Certaines sont pourtant douées. Il en va ainsi des contraintes de la vie.
J’ai eu l’honneur de porter les couleurs de la batterie-fanfare de ses origines en 1945 à 1989. Je jouais de la basse.
Je ne peux pas passer sous silence le dévouement de deux de ses piliers, malheureusement trop tôt disparus : Joseph Durand et Jean-Pierre Foucher. Ils ont œuvré avec un dévouement ininterrompu pendant de longues années. Robert Gineau, le président actuel, entouré d’une sympathique équipe, promeut avec succès le travail des anciens.
Anecdote
Monsieur Michel Debré, ancien Premier ministre, possédait une maison à Préfailles, aujourd’hui demeure saisonnière de ses enfants, dénommée « La Bourrine ». Régulièrement, il y séjournait en été. Il faisait même des apparitions remarquées, lorsqu’il débarquait en hélicoptère sur le plateau de la chapelle, dans les années 70. Il était alors maire d’Amboise, conseiller général d’Indre-et-Loire et député de la Réunion.
Quelques jours avant son départ, sa nièce Béatriz Durand-Gasselin (née Le Maresquier), adjointe au maire de Préfailles, ne manquait pas de me téléphoner pour me proposer de passer les voir.
- « Viens jeudi à dix-huit heures, je t’invite chez moi, en compagnie de l’oncle Michel. Nous passerons un moment autour d’un copieux apéritif », m’ordonnait-elle.
Il fallait que je regarde mon planning ; moi aussi j’avais des obligations en tant que maire de La Plaine sur Mer et conseiller régional. Mais je me faisais un plaisir de retrouver cet homme. Et Quel homme ! C’était pour moi une vraie chance de pouvoir converser longuement et simplement avec lui. J’écoutais passionnément et avec beaucoup d’intérêt ses exposés. Dans sa voix, il n’y avait jamais d’amertume, ni de reproche envers quiconque. Ses paroles étaient pour moi une source où puiser des références, une leçon de morale dont je garde d’excellents souvenirs. Il fit son entrée à l’Académie française le 24 mars 1988. Nombreux sont les brouillons de ses livres à avoir été écrits à Préfailles, à deux pas de la Roche Percée. Sa disparition le 2 août 1996 fut pour moi une grande perte. La France perdait l’un de ses derniers Grands hommes d’Etat.
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