Remonter le temps et l'Histoire, depuis l'an mille jusqu'à l'ère contemporaine. Remonter la Loire, depuis le port breton de Saint-Nazaire jusqu'aux châteaux posés-là tels des diamants sur une rivière. Passer Nantes et son enceinte ducale, et traverser la douceur angevine. Faire étape à Saumur, capitale du cheval avec son Cadre Noir, et emprunter la route touristique qui épouse le cours du fleuve en direction de Tours. Ramer comme le chante Alain Souchon et observer sur les coteaux : « Chaumont, Langeais, à peine Amboise... » Ils sont des centaines milliers de visiteurs depuis plusieurs saisons déjà à découvrir ou redécouvrir le Val de Loire. Une renaissance touristique qui n'est pas le fruit du hasard : depuis des années les châteaux de la Loire, qu'ils soient en gestion publique ou privée ont su renouveler leurs offres en proposant aux visiteurs une véritable immersion avec de multiples animations et événements tout au long de l'année.
Il n'y a pas un, mais deux châteaux dans l'enceinte fortifiée de Langeais. Du premier, qui date de l'an 1000, ne subsiste qu'un pan de mur, l'un des plus vieux de l'hexagone. Perché sur un monticule, il domine la Loire. On peut accéder à son sommet par un immense échafaudage en bois. Le point de vue y est remarquable.
Cette forteresse fut construite par Foulque Néra, Comte d'Anjou, héros des croisades. De retour de Jérusalem, il fît construire à proximité une petite chapelle pour y déposer des reliques, dont il ne reste plus aujourd'hui que les fondations. Cette fortification, au temps des guerres intestines, fut le théâtre de nombreux affrontements avec son voisin, Eudes 1er de Blois.
La construction du second château fut initiée sous le règne de Louis 11, en 1465. Il abrita le Comte de Dunois et ses descendants. Le château est à l'image de son époque : en évolution, si ce n'est en révolution architecturale. En façade, il a tout d'un château fort du Moyen-âge. C'est une forteresse militaire à mâchicoulis, avec un pont levis – actionné encore aujourd'hui – parce que c'est encore la mode en ce milieu de 15e siècle. Côté cour, la Renaissance dessine les premières résidences de la noblesse, avec appartement luxueusement meublés et jardins.
Si le château de Langeais a de multiples intérêts avec ses 18 pièces meublées, ses collections de tapisseries, son immense parc arboré et ses animations, c'est bien Anne de Bretagne, la seule à être devenue deux fois reine de France, qui lui donne tout son sel. Car il s'est joué ici l'un des plus beaux coups politique de l'histoire européenne : le mariage secret d'Anne, fille aînée d'une Bretagne assiégée par les armées françaises, promise 100 fois à des puissances étrangères et déjà mariée par procuration à Maximilien 1er, maître de l'Empire Romain-Germanique. La jeune héritière du Duché de Bretagne, âgée de 14 ans, est l'objet d'enjeux considérables : c'est tout l'équilibre européen qui se joue dans la future alliance qui lui sera passée au doigt.
Le roi Charles 8 est également fiancé, et éperdument amoureux… Mais la raison d’État l'emportera. Anne de Beaujeu, le Comte de Dunois et bien d'autres personnages imminents de l'époque vont oeuvrer au mariage d'Anne et de Charles, à l'union de la France et de la Bretagne. Et c'est à Langeais, le 6 décembre 1491, dès potron-minet que l'affaire fût conclut. Un tableau animé, avec les protagonistes présents ce jour-là, est reconstitué dans une grande salle du château. Les personnages de cire, grandeur nature, sont saisissants. Un texte d'une dizaine de minutes raconte cet événement exceptionnel où l'intrigue se mêle au romanesque et à la politique. On note aussi la présence du futur roi de France, Louis 12, second époux d' Anne, contrainte par acte notarié de se remarier avec le trône. De ses 8 enfants nés de Charles, aucun ne survécu. Et c'est sa fille, issue de son second règne, la reine Claude qui scella définitivement le rattachement de la Bretagne à la France, Anne s'étant évertuée à lui conserver une certaine autonomie.
Au moment où l’État vient de missionner Stéphane Bern à la préservation du patrimoine, on apprend que 1500 édifices fortifiés sont en péril dans le pays, et que 1000 d'entre-eux sont à vendre pour des sommes symboliques. Ce sont aussi des gouffres financiers à rénover et à entretenir. Le château de Langeais n'a pas échappé à l'abandon, ni aux péripéties de l'histoire des Hommes dont les murs portent quelques stigmates.
Mais il connu un bien meilleur sort que d'autres grâce à Jacques Siegfried, riche négociant et banquier qui tomba sous son charme en 1885. Il y investit sa fortune pour lui redonner son lustre d'antan, racheta des collections de tapisseries et meubles d'époque, réaménagea les extérieurs, lui rendît son pont-levis. Il lui consacra une grande partie de sa vie, avant que son héritière n'en fasse don à l'Institut de France. C'est une société privée, Kleber Roussillon, qui en a désormais la gestion et qui le fait vivre pour le plus grand plaisir des visiteurs.
Pratique
Le château est ouvert toute l'année, tous les jours, de 9 h 00 à 19 h 00 en haute saison, de 10 h 00 à 17 h 00 en basse saison. L'entrée est de 9,80 euros, gratuit pour les moins de 10 ans, sans supplément pour les animations et le parc avec sa cabane perchée, son belvédère sur la Loire et ses aires de jeux.
Le parking du château est gratuit. Parmi les animations : visites guidées avec Anne de Bretagne, « Dans la peau d'un prince ou d'une princesse », spectacle de fauconnerie, balades contées, combats à l'épée, initiations à la danse médiévale, etc. Programme, horaires et renseignements sur www.chateau-de-langeais.com
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