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Les vasières, terres nourricières de l'Estuaire

Dans le cadre de la journée mondiale des zones humides, l’association Bretagne Vivante organisait vendredi 3 février une conférence sur le rôle des vasières dans les ressources halieutiques. Elle fut animée par Anne-laure Barillé, créatrice de la start’up Bio-Littoral.

Bio-Littoral est un organisme créé en 2004, une start’up du laboratoire de l’Université de Nantes. Son objectif est de comprendre le fonctionnement écologique de l’écosystème des Pays de Loire en étudiant notamment le fond des milieux côtiers. Comme le souligne Anne-Laure Barillé, doctorante en biologie marine, avant de commencer la conférence « Nous faisons un travail de base en hydrologie et en inventaire faune et flore. Nous proposons une expertise en écophysiologie, on utilise la modélisation de systèmes aquacoles, la télédétection, la spectroradiométrie, la cartographie et les systèmes d’information géographique. Concrètement, nous faisons des sorties en mer pour effectuer des prélèvements avec une benne ou des campagnes de chalutage à partir d’un navire professionnel. Actuellement, nous travaillons, entre autres, sur la restauration des fonctionnalités écologiques des vasières de l’estuaire de la Loire, qui sont des nourriceries de soles en lien avec l’économie de la pêche nationale.  Notre zone c’est l’estuaire de la Vilaine jusqu’aux Sables d’Olonne - avec l’Ile d’Yeu et l’estuaire de la Loire - jusqu’à Nantes ».
À travers ces études, l’idée est de proposer des axes de recherche et des nouvelles actions à mener pour compléter l’état des lieux. Avec la reconnaissance de ce travail, Bio-Littoral est devenu un référent européen sur les Pays de la Loire. L’estuaire de la Loire est à ce sujet une importante aire de nourriceries pour la brème, le bar et la sole.

La sole : référent d’étude des vasières

La sole, en raison de ses flux migratoires dans l’estuaire est un très bon modèle pour étudier les nourriceries. Pour toutes les soles du golfe de Gascogne il y a deux frayères, (lieux où se reproduisent les poissons et les batraciens et par extension les mollusques et les crustacés). On en trouve une au nord ouest de la Gironde et une au large de l’Estuaire de la Loire. La solette, dans ses trois premières années de vie, recherche des endroits vaseux dans lesquels elle peut s’enterrer avec de la dessalure(diminution du taux de salinité). Elle cherchera toujours à aller le plus loin possible dans l’estuaire avant de redescendre adulte dans la mer. Comme le souligne Anne Laure Barillé « Les nourriceries sont très importantes car les juvéniles doivent pouvoir trouver les conditions de leur croissance : la protection des prédateurs, des conditions de salinité et une nourriture adéquate. Pour une solette, il faut des petites proies faciles à manger type les vers ».
On trouve aujourd’hui, dans le golfe de Gascogne, six nourriceries : la baie de la Vilaine, l’estuaire de la Loire, la baie de Bourgneuf, le Pertuis Breton, le Pertuis d’Antioche et l’estuaire de la Gironde. Les poissons sont densito-dépendants, ce qui signifie que si il n’y a pas de nourriture suffisante pour tous les poissons tout le long de leur croissance, certains vont aller plus loin. C'est donc la capacité de la nourricerie qui va faire qu’un certain nombre de poissons vont devenir des géniteurs. Par conséquent, c’est le nombre de juvéniles présents dans les estuaires qui est important.
 

L’impact humain : un déterminant à ne pas négliger

La surpêche et les modifications de l’habitat induisent une baisse du stock de géniteurs et de juvéniles. Anne-laure Barillé ajoute « Si la taille des nourriceries diminue, on peut avoir un stock de géniteurs et de larves important, s’il n’a pas de quoi nourrir pendant trois ans les juvéniles, les populations vont baisser. Tout ce qui est estuaire en milieu tempéré et mangrove en zone tropicale sont des zones aujourd’hui déconsidérées, généralement inaccessibles que l’on n'hésite pas à détruire. Cependant toutes ces zones intermédiaires qui font les frais de ces destructions sont les lieux de richesses des zones côtières qui jouent sur l’économie marine ».
Entre Donges et Cordemais, on retrouve de nombreux flets, soles et bars. Le flet et la sole sont les espèces dominantes de l’estuaire qui représentent plus de 50 % des poissons pêchés. On retrouve également trois types de crevettes : blanche, grise et rose. Le secteur présente une diversité des fonds sablo-vaseux d'un grand intérêt biologique. En 2008, une étude, Bio-Littoral a constaté la disparition de l’éperlan. On trouvait pourtant ce poisson dans près de 65 % des chalutages lors des études. Aujourd’hui, le laboratoire sait que ce n’est pas une disparition liée au réchauffement climatique puisqu’en 2011, une nouvelle étude a montré que le poisson était revenu. Anne-Laure Barillé remarque « on suppose que c’est un poisson très sensible à la pollution, vu qu’il y a eu une pollution en mars 2008, elle a sûrement eu un impact beaucoup plus important ». Comme elle le souligne  « L’objectif final est d’arriver à ce que les gens travaillent sur le littoral ou en estuaire en adéquation avec un bon fonctionnement écologique. On a perdu 50 % des zones de nourriceries en un siècle. Sur le bassin industriel, c’est presque 700 %. Aujourd’hui, on travaille sur des projets de récréation de vasières dans la zone de Lavau notamment ». Pour terminer elle vulgarisera en disant « Un estuaire c’est une espèce de filtre sur lequel vont se fixer toutes les bactéries, les virus… Chaque organisme présent dans les vasières, qui brasse la vase, va épurer toutes ces choses, va manger toutes les bactéries et détruire les virus. Plus il y aura de vasières, plus nous aurons de drapeaux verts sur nos côtes. Finalement c’est l’économie touristique qui est en jeu ! ».
Aujourd’hui, le travail de la doctorante est d’expliquer le rôle des nourriceries à des industriels et de travailler avec eux pour minimiser les impacts anthropiques sur l’environnement. Le port de Saint-Nazaire, qui va d’ici quelques années continuer de s’étendre, a visiblement pris conscience de ces zones naturelles et a demandé depuis 2011 une étude approfondie sur le secteur, pour savoir comment il pourra limiter l’impact de l’augmentation de sa surface sur cet environnement.
 

Auteur : SD | 07/02/2012 | 0 commentaire
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