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Les manifestants anti-aéroport ne veulent rien lâcher !

Pour la seconde fois après la manifestation d'envergure du 24 mars, près de 200 tracteurs et plus d'un millier de militants anti-aéroport se sont retrouvés en plein coeur de la ville de Nantes. Outre les revendications connues, ce rassemblement se voulait aussi une marque de soutien aux grévistes de la faim.

Ils ou elles s'appellent Michel, Marcel, Françoise, Sylvie, Séverine, Sandrine, Marie,  Gilles, ou Robert. Tous présentent la particularité de s'être mis en grève de la faim pour solliciter un moratoire sur les expropriations qui visent 85 propriétaires et 11 exploitants agricoles. Devant le mutisme des élus locaux, ils entendent à travers leur action réveiller les consciences des uns et des autres, mais surtout celles des politiques. Cette grève de la faim entamée le 11 avril dernier n'a laissé personne insensible et a suscité un véritable élan de solidarité. Cela s'est une nouvelle fois vérifié ce jeudi après-midi. Venus de Cardo, de la Halechère et de Pirmil, 190 tracteurs ont convergé vers le square Daviais où les attendaient plus d'un millier de personnes. Ce rassemblement symbolique et conjointement organisé par la Confédération paysanne, l'association de défense des exploitants agricoles, et le comité de soutien aux grévistes de la faim a dépassé les prévisions les plus optimistes. Gilles Denigot ancien conseiller général d'Europe Écologie Les Verts qui en est à son neuvième jour de jeûne avoue être un peu fatigué et avoir perdu une dizaine de kilos : « On est comme dans une bulle. Je ne m'alimente qu'avec de l'eau chaude. Certes, je suis un peu affaibli, mais quand on voit tout ce monde autour de nous pour nous soutenir, c'est extrêmement encourageant ». À quelques pas de là, les traits tirés, les yeux creux, très amaigri Michel Tarin 64 ans gréviste de la première heure entame son 24e jour sans nourriture. Cet ancien exploitant agricole en retraite fait l'admiration de tous par son courage et sa détermination. Comme ses camarades grévistes, il ne veut rien lâcher : « À l'image de mes camarades, mon état d'esprit n'a pas changé. Ici il y a une ambiance extraordinaire. On dort dans des caravanes, mais avec des sommeils fractionnés, même si ce n'est pas le bruit des avions qui nous gêne». De son côté Gilles Denigot confirme : « Nous sommes suivis médicalement. Et puis, il y a des groupes de veille, des visiteurs qui viennent s'informer. Leur attention est attirée par la grève de la faim et cela occasionne un regard nouveau sur le projet d'aéroport. C'est riche en discussions et les gens montrent une réelle envie de rentrer dans le détail ».

Une détermination intacte

Bien que cette grève de la faim fasse son oeuvre sur le physique, la détermination  demeure intacte. Et lorsque les tracteurs arrivent enfin au bord du Square Daviais, les grévistes retrouvent une nouvelle énergie pour répondre aux sollicitations des journalistes et répondre d'un petit geste, d'une parole aux encouragements des militants venus apporter leur contribution à ce combat du pot de terre, contre le pot de fer. Gilles Denigot considère que tous les arguments pour un nouvel aéroport ne sont pas fondés. Et de préciser : « Avec ses 2000 ha, le bocage de Notre-Dame-des-landes est le centre de la production laitière du département. C'est tout sauf un terrain vague. C'est une zone de production, de vie. Ce site représente l'agriculture dont les grands centres urbains ont de plus en plus besoin. Le problème de sécurité n'est pas plus approprié. Si tel était le cas, il faudrait fermer l'immense majorité des aéroports. C'est seulement un argument qui vise à faire peur à la population. Quand le Président de la République a parlé de  "terrain vague", on a pris ça comme de la provocation et comme une insulte ».
Certes les déclarations du candidat socialiste ont donné une petite lueur d'espoir aux opposants, mais cela ne suffit pas à les rassurer complètement. Gilles Denigot comme ses camarades attend plus. « François Hollande ne conteste pas l'utilité du projet pour des raisons de sécurité de la ville de Nantes et de développement. Mais il a rajouté : "tous les recours seront respectés". Il dit que les exploitations pourront continuer à fonctionner, mais c'est trop vague. Nous attendons qu'il nous confirme précisément et par écrit son engagement. Il s'honorerait à aller sur le principe de l'application du droit. Il y a des citoyens qui veulent que les recours aillent à leur fin.  On a peut-être beaucoup de pots de terre, mais on a le soutien de tout le monde paysan à l'échelon national. Je voudrais préciser que si l'on continue en France à grignoter les terres agricoles au rythme des 15 années précédentes, on supprimerait en 2032 l'équivalent de 32 millions de repas par jour ». À 72 heures du second tour qui désignera le futur Président de la République, les grévistes de la faim sont bien décidés à poursuivre leur action, comme l'a souligné l'ancien docker nazairien : « On attend le second tour. On vit au jour le jour et en fonction du résultat, on avisera. Lundi matin, il y aura un débriefing. Ici personne ne veut se mettre en danger, mais la détermination demeure. S'il faut continuer la semaine prochaine, on le fera ».

Quinze génisses parquées en centre-ville

Après les diverses prises de parole, dont celles particulièrement émouvantes de Michel Tarin et Robert Chiron, les agriculteurs ont amené une quinzaine de jeunes bovins dans le centre-ville à l'intérieur d'un enclos sommaire. Une action qui n'a pas été du goût du Préfet lequel a fait évacuer les animaux, mettant en avant des questions de sécurité. Une opération qui s'est déroulée sous l'oeil amusé des manifestants et des badauds, mais sous le regard vigilant des forces de l'ordre.
 

 

Auteur : YE | 03/05/2012 | 1 commentaire
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Vos commentaires

#1 - Le 06 mai 2012 à 16h28 par Stéphanie Dupin
Un très bon article et une très bonne vidéo ! comme quoi encore une fois on remarque que le sujet de cet aéroport intéresse, avance, et que les nantais mieux informés et pas désinformés peuvent finalement se rallier à la cause !

On lâche rien, on nous parle de crise, d'économie budgétaire, la suppression de NDDL sera une belle économie budgétaire !

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