Max Palladin le directeur de la Sem (société d'économie mixte) des ports de la Turballe et du Croisic a donné une conférence claire et chaleureuse, s'appliquant à répondre aux principales questions que se pose le public.
Il explique que la pêche est un secteur parmi les plus réglementés.
Les quantités à pêcher sont évaluées à partir des avis des scientifiques. Sont définies les TAC les quantité totales autorisées à pêcher (Total Authorized Capture) puis les politiques entrent en jeu, la commission européenne, puis les pays qui obtiennent leurs quotas. Ensuite les ministres des pêches répartissent les quotas.
Les criées existent en France depuis le XIXe siècle, à la voix (voir http://www.laturballe-infos.fr/fete-de-l-anchois-la-visite-de-la-criee-25-28-232.html), puis au cadran (les prix défilent et on arrête en pressant sur un bouton), et maintenant elles sont informatisées. Elles ont pour mission d'organiser la première vente. Les ports sont désormais propriété des régions ou des départements, la gestion est parfois confiée aux chambres de commerces, à des sociétés d'économie mixte (comme à la Turballe) ou à des associations.
Il y a actuellement 37 criées en France, la première en tonnage est celle de Boulogne suivie par celle de Lorient et Le Guilvinec. À La Turballe ce sont 7 300 t qui ont été traitées en 2011 dont 1 200 t d'anchois.
Elles prélèvent une taxe « ad valorem » (sur le montant et réparties sur les ventes et les achats) au total de 7 à 9 % des transactions et voient passer environ 75 % des tonnages. Cela finance les quais, les grues, la glace, les chambres froides les bacs etc.. Alors quand un pêcheur vend hors criée, il fragilise la structure, et court le risque d'avoir dans le futur des ports de service où il faudrait payer pour chaque opération (une pièce pour le quai, une pièce pour la grue…)
Le personnel de la criée établit donc le catalogue de la vente à partir de la pêche « triée » et débarquée. Celle-ci est stockée en chambre froide ou immédiatement mise en vente selon l'heure d'arrivée.
Désormais les acheteurs peuvent avoir accès aux informations à distance, ils doivent être certains de la qualité et disposer des mêmes garanties que s'ils étaient présents à la criée (il ne faut pas que de petites soles se soient glissées « par hasard » sous les grosses..). La vente par internet s'installe depuis peu.
La criée n'est jamais propriétaire du poisson, les problèmes éventuels doivent se régler entre vendeurs et acheteurs avec l'arbitrage éventuel de « sages », d'anciens pêcheurs respectés et écoutés dans la profession.
Il y a donc acte d'achat, mais comment le vendeur est-il assuré d'être payé ? Parce que l'acheteur est déclaré auprès de la criée et qu'il dépose une caution. Dans un métier où on paye le personnel à la semaine, il n'est pas possible d'attendre un payement de marchandise pendant plusieurs mois.
Les bateaux ne sont pas attachés à une criée, ils vont où ils veulent, ainsi l'année dernière La Turballe a reçu 121 bateaux.
Les criées peuvent aussi agir sur les marchés en préservant l'approvisionnement des acheteurs. Max Palladin donne l'exemple de la coquille Saint-Jacques, quand elle a manqué à La Turballe un accord avait été passé avec des bateaux d'Erquy qui venaient vendre plus cher à La Turballe, alimentant le marché local. Ainsi quand la « coquille d'ici » a pu être repêchée le marché était toujours existant.
Toutes les données des activités des criées sont remontées au niveau national, elles servent d'informations et de bases de contrôles par recoupements (quotas, bateaux...)
Pour le directeur de la Saem les principaux avantages de la criée sont la connaissance des prix par les producteurs, la facilité pour tous les contrôles. « C'est sec, ça ne bouge pas comme sur un bateau, et il n'y fait pas froid » dit-il avec un brin de malice. C'est une source d'informations utilisables aussi pour les scientifiques (données statistiques, tailles des poissons).
Il insiste sur l'importance de faire connaître le travail des pêcheurs qui ne sont pas les « vilains prédateurs ». IL rappelle qu'il y a 30 % de moins de produits pêchés par la France qu'il y a 15 ans alors que la consommation est de (2 millions de tonnes) et que nous couvrons à peine 30 % de nos besoins. C’est pourquoi il est utile de soutenir l'activité de pêche, en concertation avec les acteurs. Il faut être conscient dit-il que de reporter la pêche à l'extérieur, c'est prendre de gros risques pour l'avenir et perdre le contrôle sur la qualité, le droit social, l'environnement, la gestion des ressources.
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