Loin du devoir d'informer et de servir la connaissance, engluée dans la pensée unique, tenue par de grands groupes capitalistiques, la majorité des médias ne sont plus que des valets au service du pouvoir financier et politique. Donneurs de leçons, ils distribuent les bons et les mauvais points, balaient d'un éditorial rageur les principes même de la démocratie. Voix de leurs maîtres, ils se tapissent dans leur niche fiscale lorsque pleuvent les critiques.
Ainsi, après avoir vidé vos esprits, ils vous feront les poches. Ils reviendront comme chaque année quémander quelques subsides à l’État – donc à vous – pour poursuivre leur œuvre de salut public : vous formater l'esprit en bourrant les crânes, vous convaincre de ne pas vous préoccuper du monde qui vous entoure puisque d'autres s'en occupent si bien. Ils vous diront de boire de l'eau pendant la canicule, tout en vous vendant des boissons gazeuses pendant la pub. Et des prêts… Ah ça, ils s'y connaissent en prêts, on le sait désormais.
Puisqu'ils emploient la sémantique guerrière, « la Grèce a capitulé » dixit BFM TV ou encore ce texte de Christophe Barbier qui n'aurait pas fait tache dans l'Allemagne des années 30, ne nous gênons pas pour faire savoir que la résistance s'organise. Sur le net bien entendu, mais aussi dans les kiosques, sur les ondes et même à la télé, quelques journalistes n'ont pas oublié l'héritage de Camille Desmoulins et de Jean Jaurès. Il ne s'agit pas ici de fustiger la presse d'opinion, mais bien au contraire, de l'encourager. Les vieux proverbes sont souvent sources de sagesse et donc, mieux vaut entendre deux sons de cloches. Non, le problème, c'est l'unanimisme dont font preuve les médias. C'est choquant, mais rien d'inexplicable dès lors que tous appartiennent au même club de propriétaires. Et du bâtisseur Bouygues au papetier Bolloré, on sent ce même amour de l'information pour les classes inférieures.
Fatalistes face aux audiences du journal télévisé de Jean-Pierre Pernault, on pourrait penser que c'est peine perdue que de lutter contre une machine si puissante. Tellement déterminée qu'elle a presque réussi à faire croire aux Français que la Grèce était un sous-État du tiers-monde rempli de voleurs et qu'Alexis Tsipras est un dangereux extrémiste de gauche assoiffé de sang de banquier. Ce serait oublié que nos démocraties sont plus fortes qu'on ne le pense, que les gens qui les composent sont plus intelligents qu'ils ne le croient, que leurs minables petites combines et gros errements – sans exhaustive de la fausse interview de Fidel Castro par PPDA au scandale d'Outreau, en passant par l'acharnement sur Dominique Baudis – ont déjà été démasqués. C'est oublier que les Français se méfient avant tout des journalistes, et c'est bien triste qu'ils doivent appliquer à cette belle et utile profession le principe de précaution.
Les médias dominants tambourinent le même message, invectivent et aboient pour défendre un monde injuste et qui se ferait sans vous. Heureusement, ils se trompent. Souvent. Ils disent retenir les leçons comme en 2005 où ils avaient fait massivement campagne pour le « Oui » au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, avant d'être désavoués. Ils disent en coeur « Je suis Charlie » mais exècrent tout ce qui est incarné par l'hebdomadaire satirique. Au matin de la consultation populaire en Grèce, ils étaient encore nombreux à prévoir la victoire de l'austérité à grands coups de sondages. Ah les sondages ! L'arme de destruction massive, de manipulation massive.
Mais tout ceci sert une cause, bien entendu. L'objectif de tout bon chien de garde, c'est de ramener les brebis égarées dans le troupeau, et surtout dans un enclos bien délimité. Politiquement, il se situe entre la sociale démocratie et la droite modérée. Économiquement, vous êtes un travailleur en CDD qui a renoncé à tout avantage social et qui est tenu par un ou plusieurs prêts. Culturellement, vous adorez les programmes de TF1 et d'NRJ12.
Le reste n'est que menu fretin, vil peuple qu'il faut néanmoins éduquer et sauver dans un grand élan de pitié judéo-chrétienne. La récente Une de l'hebdomadaire Le Point illustre bien le propos… En tout point. Elle désigne du doigt la différence, jette opprobre sans plus d'argument que l'enfantin : « si tu n'es pas pour moi, tu es contre moi ». Quitte à employer le mensonge si nécessaire. Ainsi, Tsipras et Mélenchon seraient contre l'Europe… Difficile à croire et puisque l'auteur de ces quelques lignes fut-il y a un an candidat aux Européennes derrière Myriam Martin et Alexis Tsipras, je me ferais volontiers témoin de la défense, en Européen convaincu. Pire encore : écrire à la dictée que l'extrême gauche et l'extrême droite mènent les mêmes combats et ont les mêmes idéaux, c'est insulter l'Histoire. Mais l'Histoire, ils n'en n'ont cure et c'est guère étonnant lorsque ces derniers jours l'on donne des leçons de démocratie au pays…qui a créé la démocratie.
Mais si elle fait l'amalgame de tout ce qui dérange l'ordre établi, cette Une révèle un fait : elle exclut la majorité des français, d'une extrême à l'autre en passant par les abstentionnistes, qui ne pensent pas comme eux. Et une majorité, en démocratie, ça peut encore décider de son sort.
* Les chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932 qui appelle les philosophes à lutter contre les bien-pensants qui protègent la bourgeoisie.
* Les nouveaux chiens de garde est un essai de Serge Halimi, adapté au cinéma en 2012, et qui démontre comment les médias sont corrompus en se mettant au service du pouvoir et de la finance.
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