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 La République En Marche ressemble-t-elle au Politburo ?

Emmanuel Drouin militant et élu municipal de Segré n’hésite pas à comparer les méthodes En Marche au Politburo. Dans une longue tribune signée « 100 démocrates » les frondeurs du mouvement La République En Marche expriment les raisons de leurs déceptions et démissions. Ils adresserons leurs démissions par huissier à la veille du congrès.

La démocratie n’est pas En Marche !

Par « 100 démocrates »

En Marche ! Mouvement citoyen lancé par Emmanuel Macron en avril 2016, partait d'une conviction : «Les Français devaient être au cœur de la vie politique, et non son décor.»

En inscrivant cette promesse, dès la première ligne de la Charte des valeurs du mouvement En Marche, Emmanuel Macron a passé le plus formidable des contrats moraux avec les citoyens français.

 Les marcheurs sincères mus par une vision humaniste de l'engagement politique, se sont sentis compris. Ils allaient enfin pouvoir s'engager derrière un homme, avec la promesse d'en finir avec la politique comme profession réglementée et tout faire pour que les citoyens soient mieux associés aux décisions qui les concernent.

 Au-delà de l’action, la déception.

Respecter les lois de la République, ainsi que les règles élémentaires de la courtoisie, respecter autrui, l'honnêteté, la probité, s'engager à ne commettre aucune discrimination ou abus de pouvoir, signaler tout conflit d'intérêt, se dresser contre les corporatismes, transcender les intérêts particuliers et croire en l'intérêt général, étaient là les principes de la Charte pour avancer ensemble au sein du mouvement présidentiel.

 Comment expliquer que les comités se soient vidés de leurs marcheurs cinq mois seulement après l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron ?

Que s'est-il passé pour que certains de ces marcheurs authentiques et loyaux finissent par déposer plainte au cours de l'été contre le mouvement pour lequel ils se sont engagés sans compter ni leurs heures, ni leur temps ?

Ces valeurs, des marcheurs ont tenté de les défendre, de les rappeler à la gouvernance de la République en Marche, pour empêcher que des opportunistes puissent entrer dans les arcanes du pouvoir, ce pouvoir si convoité, ce pouvoir qui trop souvent corrompt le libre jugement de la raison, et met sur la scène politique des hommes-loups qui n’ont guère le souci de leurs semblables.

La République en Marche, une grande muette !

Puisque le choix a été fait de ne contrôler aucune entrée et de permettre un accès libre à tous, il fallait donc dès le départ faciliter le travail de la gouvernance en installant des instances internes pour réguler les dérives et éviter aux vieux comme aux jeunes loups, qui avaient flairé la bonne affaire, de mettre hors-jeu la base militante lanceuse d'alerte sur ces jeux politiques pervers.

Aucune instance de régulation n'a été activée. Pire, les nouveaux statuts avec une représentativité très affaiblie de la base militante ne permettent ni la liberté d'opinion et d'expression, ni une critique interne du pouvoir contre ses propres abus.

Sous le poids des process marketing, des #LoveLaRem, #LoveLaTeamMacron les piliers de la démocratie se sont effondrés entraînant dans leur chute l'engouement et la motivation des marcheurs.

 Le prochain « sacre » de Christophe Castaner, élu à la tête du parti, avant l'heure en l'absence de concurrents, laisse peu d'espoirs aux militants en attente de démocratie.

 Et malgré une profession de foi porteuse d'un futur fait de rêves, pour raccrocher la base militante, malgré une profession de foi porteuse d'une nouvelle promesse d'entendre la colère des concitoyens français, le mal est fait.

La République en Marche entend mais n’écoute pas.

La gouvernance de La République en Marche a confondu entendre et écouter. Alors oui La République en Marche a des oreilles qui marchent bien et qui entendent tout, mais elle ne semble pas avoir ni les dispositions affectives ni la structuration psychique qui lui permettent de savoir écouter.

 Entendre et écouter, la même différence que voir et regarder. Quand les uns ne concernent que les capacités physiques (le simple fait de posséder des organes sensoriels qui marchent), les autres font appel à des dispositions affectives et psycho-affectives : j’écoute et je regarde celui auquel je prête de l’attention, celui que je considère comme mon semblable, celui que je considère comme digne d’être écouté et regardé.

La République en Marche est tout sauf bienveillante et empathique.

Ce n’est pas parce qu’elle a su mobiliser ces dispositions affectives comme des concepts marketing pour vendre le produit En Marche que La République en Marche est dotée de ces dispositions.

Les marcheurs en colère ont bien tenté d'instaurer un dialogue, de proposer des pistes d'amélioration, d'inviter les acteurs à s'écouter jusqu'à solliciter un tiers pour ouvrir une médiation.

 Le mépris et l'arrogance qu'ils ont essuyés, les menaces ou les tentatives d'intimidation ne sont pas des pratiques bienveillantes et laissent à penser que La République en Marche marche désormais sur la tête.  

Nous espérons que Monsieur Castaner soit un excellent équilibriste qui pourra se contorsionner pour permettre à La République en Marche de retomber sur ses jambes. Passer du mythe de « l’Armée de l’An II  » au militantisme éclairé.

 Entre le jeu des statuts, l'opacité des instances, la loterie du tirage au sort de ceux qui ne représenteront qu'un quart des voix au Conseil National, le jeu du chat et de la souris avec les instances ou les services ou les pôles de La République en Marche, les tirs aux pigeons sur les réseaux sociaux, les balles au prisonnier sur les boucles de communication telegram, nous avons pour notre part suffisamment joué au sein de l'expérimentation politique en Marche.

L'expérimentation est partie d'un postulat, d'une idée, de la volonté de construire un « nouveau monde politique ».

Hormis les savants fous, les scientifiques savent en principe poser des limites à l'expérience menée : le cobaye humain volontaire, dont on aura recherché le consentement éclairé, ne sera mobilisé qu'en dernière instance et à la condition que toutes les sécurités aient été prises pour protéger son intégrité.

L’éthique, en tant que limites que l’on se fixe dans son rapport au monde et dans sa relation à autrui, est essentielle en sciences comme en politique si l’on veut chasser les pratiques de «l’ancien monde ».

 - Dommage que le Comité d'éthique de l'expérimentation politique en marche n'existe que sur le papier.

 - Dommage que le mouvement de La République en Marche qui refuse l'appellation de parti ne soit pas parvenu à sortir de l'expérimentation des mooc, des laboratoires d'idées, des protocoles, des process.

- Dommage que La République en Marche n'ait pas su s'appuyer sur une démarche éthique responsable qui respecte les principes démocratiques : la liberté de conscience et d’expression de ses militants.

- Dommage que La République en Marche n'ait pas su mettre en avant une ligne politique affirmée proposant un corpus idéologique et assumant des convictions dans lesquelles les militants puissent se retrouver.

 - Dommage qu’en faisant le choix d'un fonctionnement vertical et d'une gouvernance d'élites, qu’en méprisant les compétences et l'intelligence collective, La République en Marche se soit progressivement coupée de ses forces-vives.

 

En refusant le principe d’élections démocratiques consacré par la Révolution française de 1789 et par la Constitution de notre pays, pour permettre aux adhérents de la République en Marche de choisir leurs dirigeants, en imposant des directions autocratiques qui demandent aux adhérents de se satisfaire d’un budget dérisoire et indigne de 400 € par mois et par département, en organisant un système opaque et arbitraire de tirage au sort, en imposant un vote à main levée alors même qu’un vote à bulletin secret est sollicité, La République en Marche offense les principes fondamentaux de la démocratie avec un mode d’organisation digne de l’Ancien Régime.

Les 100 humanistes que nous sommes, étudiants, ouvriers, universitaires, médecins, juristes, enseignants, travailleurs sociaux, retraités...qui faisaient la force de ce mouvement, partent justement pour ne pas se retrouver en souffrance éthique dans un vide idéologique navrant où seul demeure le jeu pervers de la courtisanerie, censé appartenir à « l'ancien monde politique ».

Les 100 citoyens que nous sommes, indépendants, libres, militants des droits de l’Homme, partisans de la démocratie ne peuvent pas continuer au sein d'un mouvement ou parti sans ligne politique qui n’a pas su s’appuyer sur les piliers de la démocratie et qui a nié avec arrogance et mépris l’intelligence du peuple.

Signé « 100 démocrates »

14/11/2017 | 6 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 15 novembre 2017 à 10h09 par DECU
Et bien il aura fallu trés peu de temps pour qu'explose le phénomène LREM.
Que va-t-il se passer pour les Européennes?
La disruption va de plus en plus vite, ce mouvement créer pour ne servir qu'un seul homme et sa politique ( qui pour l'instant fait plus de mécontents que de satisfaits), risque fort de ne plus exister aux prochaines échéances électorales. Heureusement que cela se voit rapidement, au moins les partis "classiques" auront plus de chances de se reconstruire. Mais s'ils ne mettent pas a profit cette situation, alors ce seront les extrêmes qui prendront l'avantage.
Est-il trop tôt pour dire "quel gâchis"? Quand donc les Français moyens, cesseront-ils de croire en un sauveur á la De Gaulle, pour enfin s'attacher á un programme, et une vision sociale de notre pays? La vision uniquement sociétale, voire entrpreunariale de Macron va hélas nous faire perdre 5 ans. Et vers qui vont se tourner les électeurs et militants de base de LREM? Vont-ils renforcer les rangs des abstentionistes?
Il reste a peine 4 ans pour renverser la tendance.
Prochaine étape majeure sur un fait local NDDL, a suivre pour mesurer le risque d'implosion, non seulement au niveau militants, mais encore gouvernemental et représentation nationale.
La leçon a tirer, la politique ne peut devenir qu'une seule émission de téléréalité. Et les décisions ne doivent plus être des demies-mesures facilement détournable par des politicards. Exemple: l'emploi des assistants parlementaires, pouquoi n'avoir pas instauré un cursus et un diplôme, et en plus prendre exemple sur ce qui se fait dans des pays scandinaves? Mais non, on se fait confiance, on joue la morale, et pour finir les élus, dont des LREM , contournent les textes et la situation reste pourrie.
Et tout cela pourquoi, parce que le Président ne se cache déjá pas de vouloir être réélu en 2022!
Du coup malgré une majorité écrasante, les décisions prises se réduisent une fois de plus á ne pas obérer son propre avenir avant celui des Français
#2 - Le 16 novembre 2017 à 08h26 par Korrigan_22 , Le Croisic
Moralité : Il fallait voter Marine !
#3 - Le 17 novembre 2017 à 01h15 par DECU
@Korrigan_22

Non, il eut fallu seulement que Mélanchon et Hamon s'entendent ! Et il n'est pas trop tard.

Une autre solution que la droite retrouve un programme et un leader propre et acceptable par une majorité de Français. De ce côté avec Wauquiez c'est plutôt mal barré, donc la gauche se doit de réussir une union, sur un programme social et écologique.
#4 - Le 17 novembre 2017 à 08h46 par Pas surpris
Pas surpris, en effet il suffisait de s'intéresser au parcours de certains députés LREM pour deviner que nous en arrivions là.

Et pour prendre un exemple sur notre circonscription (7 eme L.A.), annoncer un mardi(via twitter) une proposition d'atelier pour le jeudi suivant,avec parution dans la presse le mercredi, c'est évidemment pour que n'y assistent que les très , très proches du mouvement. Et quand en plus le lien donné a la presse pour s'inscrire ne conduit qu'a une page internet "Not found", on aura compris qu'il ne s'agit que d'une annonce qui pue la com.
Et je ne serai pas surpris d'apprendre que cette députée, ne fasse qu'obéir aux ordres. Elle qui see vantait à une époque de n'avoir jamais été commandée, ni ne vouloir jamais l'être! Décidément l'appétit du pouvoir et son cortège d'avantages fait toujours recette, même chez les soi-disants tout neuf en politique.
#5 - Le 20 novembre 2017 à 09h29 par soizick, GuÉrande
pour répondre à "pas surpris" l'épisode du tennis le jour même de son élection et sa convocation immédiate chez Ferrand a provoqué un mutisme dont la belle Josso ne sortira plus. Elle est devenue un godillot comme les autres, c'est comme ça chez LREM
#6 - Le 27 novembre 2017 à 09h48 par Jean Goychman, GuÉrande
L'élection très...médiatique d'Emmanuel Macron était avant tout une action euromondialiste. Il n'a jamais eu réellement de programme de gouvernement et son parti "en marche" n'a été créé que pour la circonstance. Il a aujourd'hui une majorité dont, apparemment, il ne sait pas trop quoi faire. Ceci explique en partie l'importance prise par les "sujets de société" dans son discours. Il y a bien quelques mesures éparses mais on ne perçoit pas de cap à suivre et cela doit compliquer la tâche des militants au contact avec le public qui les interroge.

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