Jacques Massé est biologiste à l'IFREMER*, il expliquait au public réuni à La Turballe la vie de l'anchois dans un exposé très illustré par des projections de photographies, de graphiques et aussi par de nombreuses anecdotes.
Il se pêche environ 14 à 15 millions de tonnes d'anchois dans le monde chaque année, de différentes espèces. Chili et Pérou, à eux seuls c'est 10 millions de tonnes, les oiseaux en mangent aussi beaucoup, ils produisent le fameux guano qui est utilisé et exporté comme engrais. Ils servent aussi très souvent à faire des farines pour nourrir des poissons des volailles et même du bétail.Des économies énormes en dépendent.
L'anchois pêché sur les côtes atlantiques et en Méditerranée est un poisson bleu, de taille maximum de 17 à 18 cm. C'est le « meilleur de tous les anchois, nous nous le mangeons » dit Jacques Massé. Dans le Golfe de Gascogne les Espagnols et les Français se partagent 30 à 40 t chaque année.
Ces petits poissons vivent en pleine eau, ils sont au centre de l'écosystème et dépendent des masses d'eau dans lesquelles ils évoluent, se nourrissant de phytoplancton et de zooplancton. Ces conditions sont très particulières et difficiles. Ils se regroupent : « on est plus gros, à plusieurs », ils se rapprochent (5 à 6 poissons par m3) et peuvent ainsi donner l'alerte en transmettant du stress, ainsi « prévenus » d'un danger, les poissons du groupe vont s'écarter, laissant le prédateur sans proie. Mais sur les bords du banc sont plus fragiles, plus exposés aux attaques. Le banc c'est aussi le moyen de se déplacer, pour aller trouver des eaux plus favorables, « en peloton, on va plus vite ».
Les femelles pondent dès leur premier printemps, 20 à 30 fois dans la saison, tous les deux ou trois jours, environ 200 000 oeufs en surface, et… toujours entre minuit et quatre heures du matin.
Un oeuf donnera un poisson sur 100 000 pondus, les autres disparaîtront. Les larves sont fragiles, si elles ne trouvent pas très vites des conditions d'eau favorables, elles meurent, souvent comme les oeufs, mangées par les aduldes.
Une « classe d'âge » perd 70 % de sa population chaque année. Ainsi statistiquement, dix femelles pondant deux millions d'œufs au total donneront vingt poissons d'un an, l'année suivante six poissons de deux ans et l'année suivante poisson de trois ans.
Les animaux qui ont passé l'hiver constituent « le recrutement ». Dans des conditions aussi sévères, on comprend bien que si le recrutement est peu nombreux, non seulement la pêche sera mauvaise, mais les années suivantes la population sera très faible. C'est pourquoi il est très important d'ajuster les prélèvements. Donc des campagnes de comptage sont organisées chaque année**. La position de Jacques Massé est de dire « il y a des anchois, pêchez, il y en a moins, attendez ». Car pour l'instant les scientifiques n'ont pas trouvé de modèle de prévision de population en fonction des conditions. « Mais c'est difficile quelquefois à expliquer de moins pêcher…Économiquement, socialement… On a du mal à réagir de suite. » Il donne l'exemple dramatique du Chili qui est resté 15 ans sans anchois avec des répercussions terribles sur son économie.
*Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
**wwz.ifremer.fr/institut/content/download/.../12_04_23_Pelgas.pdf
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