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Jérome Kerviel et la Société Générale un scandale sans précédent

Le site Mediapart a révélé hier le témoignage d’une commandante de police de la brigade financière en charge du dossier. Son témoignage fait état de dysfonctionnement lors des enquêtes menées de 2008 à 2012 et devrait forcer la justice à rouvrir l’enquête. En février 2014 Eva Joly ancien juge d'instruction au pôle financier du palais de justice de Paris, avait déjà posé beaucoup de questions.

C’était un dossier trop bien huilé, « C'est la Société générale elle-même qui m'adresse les personnes qu'elle juge bon d'être entendues. Je n'ai jamais demandé ''je souhaiterais entendre telle ou telle personne''. C'est la Société générale qui m'a dirigé tous les témoins" révèle la commandante de police Nathalie Le Roy au juge d’instruction Roger Le Loire suite à une plainte contre X pour escroquerie au jugement déposée par l'ancien trader. 

Des employés de la Société Générale nous ont expliqué ce matin avoir eu l’impression lors de la réunion de crise avec la hiérarchie que tout avait été soigneusement orchestré et le discours parfaitement rodé.
Selon la commandante, l'ensemble des documents qui ont été requis auprès de la Société générale" ont été fournis par la banque. "Nous n’avions pas le matériel informatique pour l’exploitation", explique Nathalie Le Roy. Les enquêteurs lors des perquisitions n’ont pu avoir accès aux données de l’ordinateur de Jérôme Kerviel.'

Selon la journaliste de Médiapart, Martine Orange, "ce n'est pas seulement un doute mais une conviction beaucoup plus étayée".
Dans ce dossier Société Générale bouclé très rapidement beaucoup de personnes ont toujours douté que la hiérarchie de la banque ne puisse pas connaître ou couvrir les agissements de Jérôme Kerviel.

L'ancien trader a été condamné, par le tribunal correctionnel de Paris puis la cour d'appel qui a confirmé la peine, à 5 ans d'emprisonnement dont 3 ferme pour abus de confiance, manipulations informatiques, faux et usage de faux. Mi-mars 2014, la Cour de cassation a rendu cette condamnation pénale définitive mais a cassé le volet civil de la décision, qui attribuait 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la banque.
Un nouveau procès civil doit se tenir du 20 au 22 janvier 2016 pour établir la répartition des responsabilités dans cette perte, la banque ayant reconnu avoir failli sur le plan des contrôles.

Les questions d' Eva Joly

En février 2014 Eva Joly candidate EELV à la présidentielle de 2012 et ancien  juge d'instruction au pôle financier du palais de justice de Paris s’était étonné sur le dossier.
« Premièrement, on peut s'étonner de la façon dont plusieurs pans du droit français semblent avoir été ignorés. Tenir Kerviel pour coupable commande de considérer que la banque pour laquelle il officiait ignorait tout de ses prises de positions spéculatives. Si tel est le cas, le droit bancaire aura été violé, tout comme le droit des sociétés. Pour lever ce point, il y a lieu de demander à la Société Générale de donner à la Justice les documents de travail de ses Commissaires aux comptes où tout doit figurer, y compris les opérations prises par Jérôme Kerviel. Pourquoi cela n 'a-t-il pas été fait?

Deuxième question. Comment croire que personne n'ait rien vu au sein de la banque alors que les résultats exorbitants de Jérôme Kerviel, chaque année, devenaient ses objectifs pour l'année suivante? Alors qu'un trader moyen du périmètre de Jérôme Kerviel fait gagner à la Société Générale entre 3 et 5 millions d'euro par an, Kerviel réalise 5 millions la première année, 12 l'année suivante, puis 55 millions d'euros déclarés en 2007. Rappelons que Jérôme Kerviel n'était que trader junior, et que ses résultats exceptionnels alimentaient les bonus touchés par ses supérieurs. Les chiffres suffisent à s'interroger sur la connaissance que la banque avait de cette affaire.

Troisième question qui découle naturellement des deux précédentes. Pour quelle raison les boites mails de la hiérarchie de Jérôme Kerviel n'ont jamais été saisies? Cette exploitation aurait pourtant permis à la Justice de savoir quel était le degré de connaissance de la banque sur cette affaire, et de répondre à une question simple: existe-t-il uniquement une affaire Kerviel ou s'agit-il d'une affaire Société Générale?

Comment, et c'est une quatrième question qui doit interpeller nos intelligences, la banque peut-elle indiquer tout ignorer des actes de Kerviel alors même que la Société Générale, elle-même, corrigeait l'impact en P&L (c'est-à-dire en résultat) de ses opérations? La schizophrénie d'une institution qui masque d'un côté ce qu'elle prétend ignorer de l'autre doit déciller nos yeux sur l'entrelacs des responsabilités.

Pourquoi enfin, des supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont été payés jusqu'à sept années de salaire de fixe dans le cadre de transactions passées avec la banque alors même qu'ils avaient été licenciés pour faute grave? Une telle indemnisation des fautifs laisse songeur. On n'a guère coutume de récompenser par de tels montants des responsables défaillants. » soulignait l’ancienne magistrate

Auteur : JR | 18/05/2015 | 0 commentaire
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