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« Je ne parle qu'à la presse officielle ! »

C'est balancé sur un ton sarcastique ou méprisant, à l’occasion de sujets polémiques ou de reportages événementiels et les collaborateurs de Media-Web l'ont souvent entendu : « La presse officielle » Tant et si bien, qu’avec au moins autant d’ironie, je pose la question : « C’est quoi la presse officielle ? ».

Quelle est donc cette entité qui a son strapontin réservé dans toutes les mairies, à qui certains élus comme à Pornichet par exemple montrent tant d’égards, excluant les autres, comme les chiens sans pedigree d’un concours de beauté ?

Allez, je vous ferai grâce d’un trop facile raccourci jusqu’au Journal Officiel publié par l’État. Mais les plus anciens partageront peut-être cette vision de la presse officielle : la bonne vieille « Pravda » de l’Union Soviétique. La voix de son maître et l’unanimité dans toute sa splendeur entre politiques et journalistes, informations et propagande. Et puis non, ce n’est pas ça. La communication municipale alors, et ses publications dont on s’évertue à louer l’objectivité ? Non plus, trop réducteur et pas assez « porteur ». Les grands titres nationaux certainement, dont on peut lire dans leurs colonnes les multiples articles consacrés à l’actualité de la Presqu’île ? Oui sûrement, mais je doute qu’elle vous donne souvent l’occasion de vous y exprimer.

Non, bien sûr ! La presse officielle, c’est la Presse Quotidienne Régionale. Enfin, ce sont Ouest-France et Presse Océan, et accessoirement L’Écho de la Presqu’île, bien qu’il soit rare de trouver trois rédacteurs différents lors des reportages. Je doute que la PQR ait un jour réclamé le titre de « Presse Officielle ». Difficile donc de la taxer de position hégémonique, même si au Pouliguen par exemple, l’un de ses correspondants me fit récemment cette drôle de remarque : « Ici, c’est la place de la presse officielle », en me désignant une grande table et deux chaises. Phénomène mimétique et complexe de la personnalité, sans doute.

Non, il faut chercher ailleurs les auteurs de ce qualificatif professionnel. Inutile d’enquêter du côté des personnalités artistiques, on le sait, tous les médias sont bons quand il s’agit de faire sa promotion. Quelques exclusivités distribuées ci et là, mais au bout du compte la même soupe pour tous. Les autres domaines n’ont pas leur « Presse officielle », mais leur « Presse spécialisée ». Nuance. Reste donc nos meilleurs amis-sujets-reportages-polémiques-spectacles-ennemis, les politiques, petits et grands, de gauche à droite en passant par le centre. L’inventeur de la « Presse officielle », c’est le Politique.

Celui ou celle qui chaque jour doit inventer le futur et assurer notre avenir a donc gravé cet archaïsme dans le marbre, et distribue au compte-gouttes et selon un rituel ancestral sa breloque « Presse Officielle ». C’est inné à la fonction. Depuis 10 ans, la mondialisation et Internet ont révolutionné le monde et la communication, et la presse boostée par ces nouvelles technologies reprend un peu d’oxygène. Le politique en est resté, lui, à ses deux titres sur papier recyclé. Vision un peu étriquée. Oui, la presse papier reste le fer de lance de la profession, et une référence. J’y écris… D’accord, ça, ce n’est pas une référence…

Alors, c’est peut-être Internet qui chiffonne nos élus ? Savent-ils qu’aujourd’hui tous les titres de la PQR ont leur site et publient en temps réel des articles ? Savent-ils que 70 % des foyers français sont connectés à internet ? Savent-ils faire la différence entre un blog et un site d’actualité édité par une entreprise de presse (aussi bien qu’entre Ouest-France et une lettre mensuelle éditée par une association à caractère politique) ? Savent-ils que leur jeunesse a le clic plus facile que de se mouiller l’index pour tourner les pages ? Oui, et c’est tout ça qui dérange un peu les us et coutumes. Trop rapide, trop jeune et encore un peu brouillon, sans moyen de pression particulier, et surtout… populaire et commentée. La démocratie participative et le débat, c’est bien, surtout quand on orchestre les échanges. C’est moins enthousiasmant quand elle s’exprime sans contrainte et sous couvert de discrétion, voire d’anonymat. Mais là, journalistes et politiques sont dans le même bateau, chacun en prend pour son grade.

« Je ne parle qu’à la presse officielle », une phrase a priori juste bête et méchante, mais aussi lourde de sens sur les évolutions et le travail qui reste à accomplir en termes de crédibilité pour les sites internet d’actualités. Mais c’est aussi l’expression du mépris pour les professionnels qui y travaillent et surtout pour les milliers de lecteurs qui lisent cette source d’information, sans pour autant avoir résilié leurs abonnements à leur quotidien préféré. La pluralité de la presse est un fondement démocratique. La presse est strictement encadrée par des lois, chartres, conventions et statuts, qu’elle soit audiovisuelle, papier ou internet.

Ce qui est officiel, Mesdames et Messieurs les élus de la République, c’est qu’il va falloir ajouter des chaises aux tables réservées à la presse. Il faudra également penser à élargir à plus de deux les interlocuteurs des services communications de vos mairies et collectivités. Cela se nomme l’équité.

Auteur : Yoann Daniel | 24/10/2010 | 9 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 26 octobre 2010 à 20h53 par Interresant
Débat intéressant, en effet , qu'est-ce que la presse, sinon la réunion de journalistes ayant pignon sur "toile" ou rue et carte professionnelle. Non ?

Maintenant quels sont ses droits et ses devoirs ?
#2 - Le 26 octobre 2010 à 22h58 par lonely
Le quatrième pouvoir.
User d'un pouvoir c'est risquer en abuser, y compris en démocratie. Très vite la presse est apparue comme vecteur d'information et support de réflexion. Les journaux vivaient alors de capitaux privés et leur diversité était autant d'avis que de titres. Depuis quelques années, la parole est officiellement plus libre, (la censure aurait disparu) et la presse survivante bénéficie de vastes audiences, mais sa liberté s'englue. En effet, regroupée, souvent liée à de puissants intérêts économiques elle doit chanter la partition imposée. Quelle solution proposer ? Une voie s'ouvre. Elle présente la diversité des sources d'informations, des opinions. Internet c'est la « poubelle de l'histoire » ou la « plus belle des histoires » si nous nous appliquons avec rigueur et vigilance à définir la presse, non plus comme un « pouvoir » mais comme « un devoir » de qualité, pour la liberté.
La liberté n'est pas "officielle".Elle est.La presse doit être libre, tout le monde le calme, "officiellement" !
"Officielle" ? comme "autorisée", comme "permise" ? C'est insulter gravement ceux que l'on définirait ainsi, et j'espère bien qu'ils manifesteront aussi énergiquement que vous Monsieur Daniel.
Quant à parler, on peut parler à qui on veut, c'est la liberté,le choix de se faire entendre, ou pas.La liberté de s'enfermer.Etrange.Obscur(-antiste ?)et timoré.
Je préfèreEluard...
http://bacfrancais.chez.com/liberte.html
quand les parachutistes lâchaient son poême sur les maquis...leurs avions n'étaient pas "officiels".
#3 - Le 28 octobre 2010 à 12h28 par pseudo
La "Presse Officielle" est tellement entrée dans le vocabulaire de Mr Tout le monde que même les élus des petites communes, les responsables d'associations et de manifestations culturelles et sportives ne veulent avoir à faire qu'avec cette presse-là, quand bien même il n'y a pas assez de place sur leurs pages pour signaler, à temps, leurs prochaines manifestations. Or comme vous le dites si bien dans votre article, les jeunes sont plus enclins à cliquer sur le Net qu'à tourner la page d'un quotidien.Et les moins jeunes de plus en plus nombreux à s'y essayer. Les petites manifestations locales ont plus de chance de se faire connaître en mettant un article sur Internet, et par conséquent, d'attirer les spectateurs ou participants, qu'en essayant de caser deux lignes dans leur journal- papier de région. Un journaliste exerce son métier en écrivant ses articles. Que ceux-ci soient publiés sur le Net ou sur papier ne change rien au travail qu'il a fait. La presse reste un moyen de faire connaître ses idées, ses envies, ses demandes et aussi ses coups de gueule quelque soit le support choisi. Sur le Net ou sur papier, nous, on veut juste lire des articles de qualité comme le vôtre. A bientôt de vous lire.
#4 - Le 29 octobre 2010 à 20h54 par H2O
A Pornichet, Ouest-France n'est qu'un haut-parleur des communiqués municipaux, il suffit de voir les obséquieux compte-rendus des conseils municipaux.
L'Echo est comme toujours très institutionnel et seul Presse-O. fait preuve d'un mordant salutaire.
Heureusement, il y a Pornichet Infos et le Poulpe pour avoir un autre regard, merci à voux !
#5 - Le 30 octobre 2010 à 19h04 par Paul-Alain, Nantes
Il est vrai que la presse quotidienne n'a jamais réclamé ce titre de "presse officielle" mais on ne peut pas dire qu'ils s'en défendent beaucoup non plus surtout depuis la multiplication des sites d'informations sur internet. Cette peur qu'on les politiques (grands et petits) de voir les gens commenter leurs discours et remettre en cause leur position arrange bien la presse quotidienne. Il serait intéressant de connaître leur réaction à cet article. Il serait aussi intéressant de connaître la moyenne d'âge des lecteurs de vos sites sur la presqu'île pour que cette presse quotidienne comprenne qu'il y a de la place pour tous. De tout façon plus il y a de sources différente mieux la démocratie se porte.
Continuez c'est avec plaisir qu'on vous lit (en plus de notre journal, lol).
#6 - Le 31 octobre 2010 à 11h00 par rotko
bonjour,

C'est bien beau de prétendre donner la parole aux gens, à condition de ne pas censurer des billets, comme le fut le mien, - qui n'était pas injurieux, à propos de l'elu UMP david Pelon de trignac.
#7 - Le 31 octobre 2010 à 11h13 par Rédaction
à Rotko
Monsieur
Nous n'avons pas reçu votre billet! vous pouvez nous le retourner?
#8 - Le 31 octobre 2010 à 17h44 par rotko
ah ! j'aime mieux ça :-)

l's s'ront ben vus par tout l'village,
Pasqu'i's gangn'ront pas mal d'argent
A fér des p'tits tripatrouillages
Au préjudic' des pauv'ers gens
Ou ben à licher les darrières
Des grouss'es légum's, des hauts placés.
Et quand, qu'à la fin d'leu carrière,
l's vouérront qu'i's ont ben assez
Volé, liché pour pus ren n'fére,
Tous les lichés, tous les ruinés
Diront qu'i's ont fait leu's affères...

Moué ! j's'rai un gâs qu'a mal tourné !
#9 - Le 06 décembre 2010 à 12h55 par moi, La Baule
Bonjour,

Puisque ce site a l'air d'adorer les témoignages anonymes, voici le mien.

Mon sang n'a fait qu'un tour à la lecture cet "édito" et de ces commentaires.

Ouest-France, l'écho et Presse Océan n'est pas un diffuseur de communiqué de presse. Il s'agit de rédaction de journalistes formés aguerri et passionnés par leur métier et leur région. Ils offrent des enquêtes de fond. Je pense que l'élu en question au lieu de dire "officielle" était trop polis pour dire "compétente". Pas une presse qui vît de la pub et du publireportage.

Coupez ce commentaire élogieux si ça vous chante si vous estimez qu'il est pas "officiel".

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