Une crise sans précédent frappe l’humanité : plus de la moitié se trouve confinée et l’économie mondiale est à l’arrêt pour la première fois dans l’histoire. Face à cet effondrement des certitudes et des modes de pensée, les dirigeants occidentaux sont comme des lapins pris dans les phares d’un camion s’apprêtant à les écraser.
Emmanuel Macron affranchit les siens : « Quand on vit quelque chose qui est inédit, on ne peut pas demander aux gens de l’avoir prévu il y a dix ans. » Il exhibe ainsi leur faiblesse : la défausse devant le péril. Il appelle « gens » des responsables occupant le pouvoir, dont la mission est précisément de prévoir, comme le rappelait Emile de Girardin, Léonard de Vinci ajoutant cruellement : « Ne pas prévoir, c’est déjà gémir. »
Face à l’incapacité de ceux qui devraient tenir le gouvernail, il revient donc à chacun d’entre nous, citoyens d’une République, de le saisir. Se dérober ou s’installer dans le confort d’un pessimisme confiné reviendrait à se faire complice.
Nous sentons tous confusément que rien ne pourra plus être comme avant. Il n’est pas d’issue qui ramène au passé, mais le futur pourrait être pire, dans le chaos d’une guerre de tous contre tous où chacun espèrera rafler toute la mise au détriment des autres, comme on l’a vu dans les récentes mêlées pour s’emparer des masques protecteurs. Cette pandémie du coronavirus est le déclencheur d’une pandémie financière mondiale. Ce n’est pas la crise sanitaire qui est la cause de la crise financière, mais c’est au contraire le régime de mondialisation financière qui a détruit le système immunitaire de la société, sa capacité de se protéger.
C’est cette capacité que nous devons contribuer à rétablir, non pas en revenant « à la normale », car c’est elle qui nous a conduit là où nous sommes, mais en promouvant une dynamique de santé publique, économique et culturelle. C’est ce projet politique d’ensemble dont nous devons relever le défi. Il n’y a pas de code, de formule ni de recette, mais il y a des pistes de vie que nous nous efforçons d’ouvrir dans la jungle morale de ce monde d’avant pour arriver à un monde d’après, gagnant pour tous : solidarité et progrès.
L’urgence : amour de l’humanité contre esprit oligarchique de possession
Nous ne pouvons plus tolérer la négligence criminelle vis-à-vis des êtres humains au profit d’une idéologie qui, sous son masque néo-libéral, est une dictature financière.
Elle s’est exprimée en soumettant les centres de soins à un système de rentabilité immédiate au détriment du service rendu à des êtres humains. Dans les hôpitaux publics, c’est la tarification aux actes, imposant une approche statistique de la maladie et non l’attention aux malades, redoublée par une gestion à flux tendus où chaque lit doit être « rentable », comme dans le privé, qui aboutit à réduire le nombre de lits, sans qu’une réserve puisse être faite en prévision d’une catastrophe. L’exploitation des personnels est devenue la norme : les infirmiers français, par exemple, sont parmi les plus mal payés d’Europe et soumis, comme les aides-soignants et les médecins, à des rythmes de travail impossibles à tenir sans un héroïsme quotidien.
Pour les stocks de masques, de tests de dépistage et de ventilateurs, cela s’est traduit par une gestion à flux tendus. On a liquidé les stocks à partir de 2013, en déléguant la gestion aux entreprises publiques et privées, censées organiser un stockage pour leur personnel. Résultat : l’Etat ne se trouvant plus au poste de commande, le contrôle étant devenu défaillant et la priorité financière dominante, très peu de stocks étaient disponibles en mars. Responsabilité collective : abandon depuis 2013 d’une gestion anticipatrice, mais aussi aucune réaction des autorités actuelles au rapport publié en mai 2019 (Santé Publique France, Avis d’experts relatif à la stratégie de constitution d’un stock de contre-mesures médicales) appelant de toute urgence à une politique de mobilisation face à la possibilité d’une pandémie.
Pire encore, en affirmant en mars que le port des masques était inutile et qu’il était d’ailleurs très difficile de s’en équiper, la porte-parole du gouvernement a sciemment menti. Les plans de préparation à une pandémie grippale élaborés à partir des années 2000, prévoyaient non seulement d’équiper tous les soignants de masques protecteurs, mais aussi les caissiers et caissières, les pompiers et les forces de maintien de l’ordre. La doctrine selon laquelle ils n’étaient pas nécessaires a été forgée pour justifier qu’on avait été incapables d’en prévoir. Ainsi, non seulement de nombreux soignants ont été contaminés mais aussi les personnels exposés au contact du public. Or, au moins dès fin février, et sans doute bien avant, les services de santé et les responsables politiques savaient que le coronavirus responsable du Covid-19 est extrêmement contagieux (l’indice moyen de contagion se situe entre 5 et 7, contre 1,2 pour une grippe classique et 2 à 3 pour la grippe espagnole). L’on peut donc affirmer qu’il a été fait preuve d’une négligence et d’une absence de réactivité criminelles.
Des décrets des 23 et 28 mars 2020 autorisent jusqu’au 15 avril les médecins de ville et les médecins référents dans les EHPAD à administrer du Rivotril, un anti-convulsivant pour la prise en charge palliative de la détresse respiratoire et de la dyspnée.
Il ne s’agit pas, bien entendu, d’une politique volontaire d’euthanasie, comme l’ont affirmé certains, mais de déléguer à la base de la chaîne médicale l’administration de remèdes visant à apaiser la souffrance et l’angoisse de patients âgés ne pouvant être pris en charge dans les hôpitaux. Dans certains cas, ils ne pouvaient pas l’être en raison de leur fragilité extrême, dans d’autres ils auraient sans doute pu être sauvés. Alors que j’écris ce document, le Conseil d’Etat se réunit pour décider si le gouvernement doit édicter des directives précises sur la priorisation des patients atteints du coronavirus dans les services de réanimation saturés. En clair, établir si le gouvernement doit être responsabilisé pour une sélection dans les traitements (au détriment des personnes âgées de plus de 70 ans et/ou souffrant de maladies chroniques, et même d’obèses...), provoquée par l’absence de moyens, ou s’il doit continuer à se défausser sur les médecins. Terrible dilemme, conséquence de l’incurie.
Le fort taux de mortalité dans les centres médico-sociaux témoigne de deux choses : l’incapacité de fournir des masques aux soignants (on a ainsi assisté à une véritable « course aux masques » au sein des EHPAD), qui ont involontairement contaminé des patients âgés et vulnérables, et l’impossibilité d’accueillir ceux-ci dans les hôpitaux lorsqu’ils auraient pu l’être. Il s’est donc bel et bien agi d’une approche palliative, excluant de fait la possibilité de guérison. Ajoutons que si les médecins de ville et les référents des EHPAD ont ainsi été autorisés à administrer du Rivotril (clonazépam), on ne leur pas donné la même possibilité d’accès à l’hydroxychloroquine, qui a été réservée au traitement en hôpital des phases avancées de la maladie, alors qu’il a été prouvé que son administration n’est efficace qu’en début de contamination. La vérité est que pour l’administrer, non comme un remède miracle mais comme quelque chose de disponible et qui semble marcher, il faut d’abord pouvoir tester pour être certain de la contamination. Or, jusqu’à pratiquement le moment où j’écris ce texte, on ne disposait pas de tests... Ceux que les services du professeur Raoult se sont procurés à Marseille l’ont été par des méthodes relevant de la débrouille. On lui en a sans doute voulu…
Je mentionne ces errements pour souligner deux choses fondamentales. La première est que la désorganisation irresponsable et dans ses conséquences, coupable, du traitement de la pandémie relève de la même erreur de départ que celle commise vis-à-vis de la grippe espagnole. Il n’y eut alors aucune mesure nationale, tout se faisant à l’échelon local, à la discrétion des préfets en France et des municipalités en Allemagne. Avec les résultats catastrophiques que l’on connaît. Aujourd’hui, il y a certes une politique nationale, avec des mesures prises à ce niveau (centralisation – tardive – des commandes de masques, pont aérien avec la Chine, mobilisation de grandes entreprises pour produire 10 000 ventilateurs, etc.) mais trop peu et trop tard. Le problème est que les errements de la politique nationale pendant deux mois au moins ont abouti dans tous les secteurs à une dissociation des initiatives et une insuffisante mobilisation ( pas de consultation d’entreprises pouvant construire rapidement des hôpitaux modulaires, pas de centralisation de commandes de masques au départ, pas de mobilisation des cliniques privées, mobilisation tardive des laboratoires vétérinaires pour aider à produire des tests de dépistage... et surtout, aucune stratégie industrielle contre la pandémie). La combinaison d’un libéralisme financier et d’une bureaucratie erratique a conduit à la situation que nous décrivons.
C’est pourquoi une politique d’urgence, malgré les efforts récents qui ont été faits, reste indispensable, mettant la solidarité humaine au poste de commande.
Trois fautes graves qui ont été commises dans l’approche de la pandémie ne doivent plus jamais se reproduire, ni dans la politique sanitaire ni dans la politique économique nécessaire à la sortie du confinement.
Tout d’abord, il faut anticiper. Ne plus avoir un raisonnement qui déduit et extrapole, sans être capable de prévoir. Au contraire, gouverner c’est être capable d’envisager l’inédit. C’est-à-dire combattre le danger qui vient. Même comportement vis-à-vis de la pandémie sanitaire que vis-à-vis de la pandémie financière : mesurer les conséquences de ce qu’on fait et de ce qu’on a omis de faire, pour être en mesure de faire autrement. Cela s’appelle la possibilité de faire face à un changement de phase provoqué par des décisions aux conséquences prévisibles dans la durée.
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