" La fiscalité sur le carburant, et notamment sur le diesel, est apparemment le marqueur « écologiste » de la majorité macroniste. Elle est aujourd’hui contestée, à juste titre. L’Union démocratique bretonne partage l’idée selon laquelle la fiscalité est un des outils de la transition écologique. Elle n’est donc pas opposée par principe à une hausse progressive de la fiscalité sur le carburant. Mais l’outil de la fiscalité n’est efficace que s’il s’inscrit dans une politique cohérente. Au contraire, quand les automobilistes n’ont pas d’autre choix que le recours à la voiture, la fiscalité les pénalise sans faire économiser le moindre gramme de CO2. En Bretagne, la dépendance à la voiture est hélas de plus en plus forte, en raison d’une offre déficiente de transports en commun et de déséquilibres territoriaux grandissants.
Dans les zones rurales, les transports en commun sont parfois inexistants, et souvent mal calibrés. De nombreuses villes moyennes ont vu leur desserte ferroviaire se dégrader, voire disparaître, comme par exemple Pontivy et Loudéac ; l’UDB s’est d’ailleurs régulièrement mobilisée pour la défense des lignes intrarégionales. Même autour des métropoles, les liaisons ferroviaires sont insuffisantes : la liaison Brest-Quimper reste à la limite de l’acceptable, et la ligne Châteaubriant-Rennes est en partie fermée en raison d’investissements inexistants. Le centralisme français a de nouveau fait du dégât avec le tout-TGV ! Comment demander aux habitants d’une commune d’économiser du carburant tout en fermant la gare ferroviaire la plus proche, ou en dégradant les grilles horaires ?
Mais un problème plus profond encore affecte la mobilité en Bretagne : la fameuse « fracture territoriale ». Quand le prix du foncier explose sur la côte à cause, notamment, de taux de résidences secondaires déraisonnables (jusqu’à 70 % !), celles et ceux qui y travaillent sont de plus en plus nombreux à se loger loin dans les terres, et sont ainsi condamnés à effectuer des trajets domicile-travail de plusieurs dizaines de kilomètres chaque jour, parfois durant toute la durée de leur vie active. Que d’énergie gaspillée pour des volets clos 10 mois sur 12 !
Quand la maternité ferme à Paimpol, quand le dernier médecin d’une commune prend sa retraite, quand des services menacent de fermer dans les hôpitaux de nombreuses villes moyennes, les usagers sont bien contraints d’aller plus loin, à moins de renoncer à des soins vitaux ; et la voiture est en général le seul choix disponible.
Quand la Poste, les agences bancaires, les commerces ferment un à un dans une commune où aucun bus ne passe, comment croit-on que les habitants mèneront leur vie quotidienne, si ce n’est en utilisant une automobile pour tous leurs achats et démarches ?
Beaucoup de Bretonnes et de Bretons sont aujourd’hui piégés entre, d’une part, un système qui les pousse à se déplacer toujours plus, toujours plus loin, sous l’effet de décisions prises sans leur consentement, et, d’autre part, l’injonction de réduire leur consommation de carburant ! Dans ces conditions, la colère et la révolte sont compréhensibles et légitimes.
Ces situations n’ont rien d’inéluctable. Elles sont le fruit de choix politiques, de la volonté de privilégier quelques agglomérations et surtout l’agglomération parisienne pour briller dans une comparaison internationale bien futile. Elles sont le fruit du manque criant d’autonomie des collectivités locales, et notamment des régions, bien placées pour mettre en œuvre des politiques intégrant les réalités quotidiennes… mais sans en avoir les moyens budgétaires et législatifs. Elles sont aussi le fruit d’une gestion comptable et centralisée, négligeant les effets à long terme des décisions sur les territoires.
Si l’on veut mener à bien la transition écologique en Bretagne, il faut s’attaquer de front, et rapidement, à la fracture territoriale, mieux répartir l’emploi, les investissements publics, préserver les services et notamment les transports en commun, impliquer systématiquement les usagers dans leur fonctionnement, étendre la desserte ferroviaire partout où cela est possible et généraliser la desserte par bus (y compris en petit volume) dans les zones peu densément peuplées. Il s’agit de rompre avec la croyance grossière selon laquelle la concentration spatiale des activités est toujours source d’efficacité et de progrès, de cesser de privilégier systématiquement les liaisons entre Paris et les métropoles, d’agir sérieusement contre la confiscation et le gel de pans entiers du territoire par de riches acquéreurs. Le contraire, en somme, de ce qu’on fait les gouvernements successifs depuis de trop nombreuses années.
La justice territoriale et une véritable démocratie locale sont indispensables à une transition écologique socialement acceptable, en particulier dans le domaine des transports. Négliger cette vérité mènera à une confrontation et à un échec politique comparable à celui de l’écotaxe. Mais les technocrates qui nous gouvernent ne veulent toujours pas le savoir."
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