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Éoliennes au large de Saint-Nazaire : Avis de l’Autorité environnementale

L’Autorité environnementale (Ae) a été saisie pour avis par le préfet de la Région Pays de la Loire, pr éfet de la Loire-Atlantique et par la directrice de l’énergie du ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Elle a rendu un avis dont la synthèse est intégralement reproduite ici.

« La France s’est fixé un objectif de 23 % de part d’énergies renouvelables dans sa consommation, traduit en  pratique notamment par le développement de l’énergie éolienne à terre et en mer (ou « offshore »). Dans ce  contexte, l’État a lancé un appel d’offres pour construire et exploiter un parc éolien offshore au large de  Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) à une distance de plus de 12 km des côtes. La société « Parc du Banc de  Guérande » a remporté cet appel d’offres.

Ce parc sera composé de 80 éoliennes d’une hauteur de 184 mètres  et d’une puissance unitaire de 6 MW, ainsi que d’un poste électrique en mer.
L’État a confié à « Réseau de transport d’électricité » (RTE) la maîtrise d’ouvrage et la gestion du  raccordement de ce parc éolien au réseau public de transport d’électricité au moyen de deux liaisons à  225 000 volts, sous-marines sur 33 km et souterraines sur 28 km, reliant le parc éolien au poste électrique qui  sera créé sur la commune de Prinquiau.

Le projet présenté consiste en la création du parc et de son raccordement électrique. Les éoliennes seront  construites sur des monopieux métalliques d’environ 7 mètres de diamètre enfoncés par battage,  éventuellement avec forage à une profondeur de 25 mètres. Elles seront équipées d’une protection contre la  corrosion au moyen d’ « anodes sacrificielles » composées d’un alliage d’aluminium et d’autres métaux,  d’une masse de 12 tonnes par éolienne.
Pour limiter l’érosion à la base des monopieux et pour protéger les liaisons électriques enfouies dans le sol  sous-marin, des enrochements, des matelas de bétons ou des coquilles pourront être posés.

Pour l’Ae, les principaux enjeux environnementaux du projet (de nature et d’intensité parfois différentes en  phase de construction et en fonctionnement) portent sur :
- l’avifaune marine, tout particulièrement pour les espèces ayant justifié la désignation de sites Natura  2000 à proximité, du fait à la fois du risque de collision avec les éoliennes, de la perte d’habitats, et  de l’effet « barrière » du parc sur les déplacements des oiseaux,
- les mammifères marins du fait des perturbations acoustiques, notamment en phase de construction,
- le paysage marin, depuis la côte mais aussi depuis les îles environnantes (Hoëdic, Belle-Île,  Noirmoutier),
- les nombreuses zones humides traversées par le raccordement électrique à terre, avec leur cortège  floristique et faunistique.

D’autres caractéristiques ou activités du territoire sont susceptibles d’être affectées, telles que les sols sous-  marins, la qualité des eaux marines en conséquence du recours à des anodes sacrificielles, et la pêche  professionnelle dans la zone du parc éolien.
Les documents fournis sont très volumineux, mais abondamment illustrés et chaque opération est décrite  avec le niveau de détail adéquat, sauf mention contraire dans l’avis.
D’un point de vue méthodologique, ce dossier soulève des questions importantes en raison du niveau  significativement plus réduit en mer qu’à terre des connaissances et des méthodologies disponibles pour  établir le dossier d’évaluation environnementale : dresser un état des lieux initial, identifier les effets et les  vulnérabilités des espèces et des milieux à ces effets, et conclure sur les impacts, dans le cadre de la  démarche « Éviter, puis réduire et, le cas échéant, compenser les impacts » (ERC). Il ne semble pas justifié  de faire peser sur le seul maître d’ouvrage la charge de remédier aux insuffisances de l’état des connaissances  et des méthodologies, même si l’étude d’impact se doit de contribuer à leur amélioration sur les enjeux  identifiés comme majeurs. L’Ae regrette que la décision nationale de développer l’énergie éolienne offshore  n’ait pas été aussitôt accompagnée de l’effort de recherche approprié pour compléter ces connaissances.

Par ailleurs, l’Ae estime que l’État devrait donner un poids plus important aux critères ERC dans les appels à  projets ultérieurs afin de mieux répondre aux objectifs de la DSCMM et aux exigences de protection des  habitats et des espèces, particulièrement celles relevant de Natura 2000, ainsi que de protection des paysages.
L’Ae formule plusieurs recommandations d’ordre méthodologique, visant à une meilleure prise en compte  des incertitudes dans les éléments présentés, et à comparer les mesures ERC qui figuraient dans la réponse à  l’appel d’offre avec celles retenues dans l’étude d’impact.
Alors que l’état initial est de qualité dans l’état actuel des connaissances, l’Ae recommande de discuter et  nuancer certaines appréciations insuffisamment argumentées concluant à des impacts négligeables ou faibles.

Au-delà de ces recommandations de portée générale, l’Ae recommande aussi :
- de compléter le dossier par une présentation des aménagements prévus sur les ports de Saint-Nazaire  et la Turballe, et par une appréciation de leurs impacts,
- de poursuivre la démarche « éviter, réduire, compenser » pour le choix du tracé de détail de la liaison  électrique à terre, en recherchant autant que possible l’évitement des zones humides,
- concernant le bruit des travaux :
d’évaluer, pour certaines espèces de mammifères marins comme le Marsouin, le niveau
d’exposition au bruit accumulé pendant la durée totale d’une série de battage de pieu
(5 heures),  de procéder à une analyse des distances d’effet sur la faune marine selon les espèces (hors  mammifères marins, traités par ailleurs) et selon la gravité des impacts,  de réduire le bruit de battage à la source au moyen de techniques adaptées,
- concernant l’avifaune :
de reprendre l’évaluation des incidences Natura 2000 relative au Goéland marin et au Puffin  des Baléares et redéfinir des mesures d’évitement ou de réduction avant de conclure sur  l’atteinte à l’état de conservation de ces espèces. Pour le Puffin des Baléares, des expertises  complémentaires apparaissent nécessaires,  plus généralement, de prêter une plus forte attention à l’avifaune marine sur laquelle un impact  potentiel maximal « moyen » a été identifié (Mouette pygmée, Goéland brun, Goéland  argenté) en raison des pertes d’habitat, du risque de collision avec les éoliennes ou de l’effet  barrière dû au parc éolien,
- de proposer des mesures de compensation au bénéfice notamment des principales espèces affectées  (oiseaux et mammifères marins), ou à défaut de mieux justifier l’absence de mesure compensatoire  au titre des impacts résiduels,
- de détailler l’impact des anodes sacrificielles sur la qualité des eaux selon chacune des formes  chimiques des éléments qu’elles relarguent et en analysant les avantages et inconvénients de leur  utilisation par rapport à d’autres solutions,
- de mettre en cohérence le suivi prévu sur ce projet avec le programme de surveillance de la directive  cadre « stratégie du milieu marin » (DCSMM) et avec le dispositif de suivi du plan d’action pour le  milieu marin Golfe de Gascogne, et de prévoir que les données ainsi récoltées soient mises à la  disposition des scientifiques et des structures et autorités chargées du rapportage communautaire sur  la DCSMM.

L’Ae émet par ailleurs d’autres recommandations dont la nature et les justifications sont précisées dans l’avis  détaillé ».


Plus d'infos :

L'avis détaillé comporte 32 pages ;  il  est disponible sur http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/les-avis-deliberes-de-l-autorite-environnementale-a331.html

29/05/2015 | 1 commentaire
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Vos commentaires

#1 - Le 30 mai 2015 à 12h39 par Chardin, Paris
En somme, on ne connaît pas les impacts et on s'en fiche. C'est l'exploitant qui finance, détermine, exploite et diffuse les pauvres études réalisées. Et c'est le préfet, le doigt sur la couture du pantalon, qui donne tous les accords nécessaire au racket éolien. Ces parodies de concertation sont affligeantes.
Et tout ça pour obtenir une quantité dérisoire d'électricité chère, de mauvaise qualité et dont on n'a nul besoin.
Avant de devenir une agence de pub pour le lobby éolien, l'Ademe estimait à 30% les possibilités d'économie de notre consommation. Mais il vaut mieux continuer à produire plus et forcer le consommateur à payer la rente des industriels. Le lobby d'EDF et d'Areva est un peu plus efficace que celui des couvreurs, des maçons, des charpentiers...

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