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Emmanuel Macron : Jupitérien et prestidigitateur

Notre président règne plus qu'il ne gouverne sur notre pays. Il décide d'à peu près tout, ce qui le rend seul responsable de ses décisions. Comme il semble courir après beaucoup de lièvres, il doit donc choisir son terrain de communication. Clairement, il organise le devant de la scène médiatique avec ce qu'il tient à montrer et s'arrange pour passer sous silence ce qu'il ne veut pas que l'opinion remarque. Cette stratégie de communication relève de la prestidigitation. Ces artistes captent l'attention des spectateurs afin qu'ils concentrent leurs regards sur ce qu’ils veulent leur montrer afin de les détourner du reste. Et le reste, c'est souvent le plus important.

Les majors de l'industrie sur la sellette

Pendant qu'on nous parle des réformes scolaires, du futur de la SNCF et de l'héritage de Johnny Hallyday, sans parler des affaires judiciaires, on ne nous parle pas d'Airbus, ni du feuilleton STX – Fincantieri auquel on adjoint Naval Group (ex DCN), ni même des remous du conseil d'administration de Renault. Essayons d'y voir clair.

Affaire Airbus

Malgré plusieurs articles inquiétants parus dans Marianne et la Tribune (1), ainsi qu'une interview de l'AFP, parus entre décembre 2017 et janvier 2018, il apparait que les gouvernements français et allemands auraient décidé de garder le silence sur la situation de ce fleuron industriel qui, jusqu'à présent, incarnait le modèle d'une intégration européenne industrielle. De quoi s'agit-il ? 

Le PDG Thomas Enders est suspecté d'être "plus américain qu'allemand" et d'avoir agi d'une manière curieuse vis à vis des autorités américaines, mettant ainsi son entreprise sous la coupe de la justice américaine. Il se murmure même que le coup a été préparé de façon à rapprocher à terme Airbus et Boeing pour s'unir face à la concurrence chinoise de la COMAC

Affaire STX : Le dossier de reprise de STX par Fincantieri est enfin finalisé. Une réunion des ministres français et italien s'est tenue à Rome (2) début février pour entériner un montage "alambiqué" qui, quoi qu'on en dise, donne les pleins pouvoirs à Fincantieri, qui devient maison mère de STX. (2) Ainsi donc, après toutes les tergiversations destinées à ne pas heurter de front les salariés de STX et leurs représentants, malgré un habillage trompeur en "Airbus de la Navale" qui ne rime à rien (n'oublions pas qu' Airbus était au départ un GIE 50/50 entre les Etats français et allemand), le résultat est là, Fincantieri contrôle STX. Quant aux promesses du maintien de l'emploi à St Nazaire, combien de temps tiendront-elles?

D'autant plus que Ficantieri ne verrait pas d'un mauvais œil de prendre pied dans le domaine militaire, éventuellement en développant des études avec Naval Group, qui pourrait être sensible à cet appel du pied...

Affaire Renault

Les grandes manœuvres ont commencé, et, même si Carlos Ghosn a vu son mandat renouvelé, (3) la différence de vues qui l'oppose à Emmanuel Macron n'est pas pour autant résolue. Ce dernier désire depuis 2015 (4), alors qu'il était ministre de l'économie qu'une fusion s'opère ente Renault, Nissan et Mitsubishi, alors que Ghosn n'y est pas favorable, arguant que les grandes fusions dans l'industrie automobiles se sont rarement révélées fructueuses. La venue de Thierry Bolloré en N° 2, poussé par l'Etat,  peut être interprétée comme une "reprise en main"

Quel est le lien?

Existe-t-il un lien entre les trois affaires? Une chose semble évidente, c'est que dans tous les cas, il y a une sorte de "défrancisation" à peine déguisée. Chaque fois également, le pouvoir politique semble tenir un double langage. Il est lénifiant de la main droite et "mondialiste" de la gauche.

Car le "facteur commun" se trouve là. Nous avons un Président qui se dit européen, ce qui ne veut pas dire grand-chose, car nous le sommes tous, sans préciser qu'il est "euro-mondialiste". D'ailleurs, à quoi fait-il allusion lorsqu'il déclare qu'il a été élu "par effraction", si ce n'est justement à cet aspect ambigu qu'il a toujours si savamment entretenu. Aujourd'hui, les brumes se dissipent et la véritable nature de son action apparait, et les intérêts de notre nation risquent d'en faire les frais

 

 

(1) https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/airbus-intox-manipulation-et-coups-tordus-entre-tom-enders-et-fabrice-bregier-761485.html

(2) http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/04/fincantieri-prend-le-controle-du-chantier-naval-stx_5251708_3234.html

(3) http://www.lepoint.fr/automobile/actualites/carlos-ghosn-l-incontournable-homme-de-la-situation-12-02-2018-2194307_683.php

19/02/2018 | 10 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 20 février 2018 à 08h24 par prajot, Saint-nazaire
Enfin la presse commence à comprendre la vraie stratégie marketing politique de Macron!!!!!!

Macron se dit satisfait de l'augmentation du PIB de 1,9% mais en Europe on est à 2,5% !!!!!!!

Que du marketing politique !!!!!
#2 - Le 20 février 2018 à 12h08 par Pinoccio, 44380
Article très intéressant qui met bien en exergue l'absence de vision et de stratégie nationale pour le développement de notre industrie Française.
En complément, lire l'article très récent de la Tribune.fr :

"Sous-marins allemands : le coup de poignard de l'Italie à Naval Group"

L'Italie va acheter deux nouveaux sous-marins à l'Allemagne. Pendant ce temps, Naval Group négocie un rapprochement avec Fincantieri.

Source https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/sous-marins-allemands-le-coup-de-poignard-de-l-italie-a-naval-group-768879.html
#3 - Le 22 février 2018 à 00h52 par Vivelart
Si comme vous le dites, E.M serait devenu président par effraction, pour le compte de qui? Et comment se serait-il payé l'équipement "du parfait cambrioleur"?

Comme pour les USA, existe-t-il un lien lors de la présidentielle avec une nation étrangère ?

Ou est ce que tout cela ( ce que vous avez écrit ) ne reléve-t-il que de la théorie du complot?

En tout état de cause, Média web doit à ses lecteurs plus d'informations et de suivi à propos de cet article.
#4 - Le 27 février 2019 à 09h28 par breizh44, Pornichet
Je suis tombé sur cet article en cliquant sur un lien en bas de la contribution de M. Goychman « Injures envers Finkelkraut : l’ignorance rend notre pays fou ». Sort-il de la même plume ? Mystère, car l’auteur n’est pas identifié. En tout cas, en le relisant un an après sa parution et en le comparant aux évènements survenus depuis on voit bien qu’il relève de la pure fiction du complot. La prétendue « affaire Airbus » ? Du gros pipo. Pas l’ombre d’un rapprochement entre Airbus et Boeing en vue, bien au contraire. Et Enders est sur le départ. L’ «affaire STX » ? Reprise toujours en suspens. Les chantiers à Saint Nazaire croulent sous les commandes. Naval group vient de signer un méga contrat avec l’Australie au détriment de l’industrie Allemande, ce qui devrait rassurer Pinoccio (commentaire #2). Le gouvernement français n’est pas innocent dans cette décision. « L’affaire Renault » : Une fusion entre Renault, Nissan et Mitsubishi est plus éloignée que jamais depuis l’arrestation de Carlos Ghosn.
Alors, chers lecteurs de media-web, ouvrez les yeux et aiguisez votre esprit critique quand vous lisez certaines contributions ici. Surtout, méfiez-vous quand l’auteur n’est pas clairement identifié. Quel agenda peut-il bien poursuivre ?
#5 - Le 27 février 2019 à 20h26 par jean goychman
à Breizh44
Sans avoir écrit cet article, il est tiré d'une déclaration que j'ai faite en séance pleinière du Conseil Régional. La stratégie américaine repose sur l'extra-territorialité du droit américain.

"Séance pleinière du 20 décembre 2017


Question orale sur la situation d'Airbus


Depuis quelques mois, la situation d'Airbus inquéte les dirigeants politiques des deux pays actionnaires de cette entreprise “trans nationale” devenue, avec 134 000 salariés, le principal employeur en Europe.
Malgré un carnet de commandes tel qu'elle n'en a jamais connu, avec un plan de charges couvrant les 10 prochaines années, de plus en plus nombreux sont ceux qui s'inquiétent de son devenir.

Tout à commencé par l'annonces de certaines “irrégularités” qui seraient apparues lors de ventes à l'étranger des productions d'Airbus. Au mois d'aout 2016, le PDG Thomas Enders avait mandaté le cabinet américain Hubbart & Reed afin d'analyser dans quelle mesure ces ventes auraient pu se trouver en contravention avec les règles fixées par l'administration américaine en matière de corruption. Depuis l'affaire BNP-Paribas, le principe d'extra-territorialité des réglements américains s'est imposé, en particulier au détriment des entreprises européennes en général et françaises en particulier.Début novembre, le risque d'une amende comprises entre 20 et 30% du chiffre d'affaires annuel d'Airbus était annoncé dans la presse.
Ceci correspondrait à une amende de l'ordre de 20 milliards de dollars.

Chose troublante, il apparaîtrait que ce sont le PDG Thomas Enders et le directeur juridique (britannique) John Harrison qui ont choisi de s'autodénoncer aux autorités anglaises du Serious Fraud Office dès mars 2016. Plus récemment, courant octobre 2016, la direction d'Airbus, répondant à des journalistes qui se posaient des questions sur la stratégie juridique du groupe, avouait officiellement s'être auto dénoncée auprès des autorités américaines reconnaissant avoir tranmis de fausses informations.
#6 - Le 27 février 2019 à 20h34 par jean goychman
à Breizh44
2tant limité par l'espace, j'ai du tronçonner l'envoi
suite:
Sans vouloir “surinterprêter” ce geste, qu'ils n'étaient pas forcés d'accomplir, ils ont neanmoins ouvert aux enquêteurs américains tous les documents que ceux-ci leur ont demandé, incluant les proces-verbaux des conseils d'administration et nombre d'autres dcuments à caractère confidentiels dont on peut imaginer la portée, car cela incluait également les ordinateurs et les téléphones portables des dirigeants commerciaux.Un récent article peru dans l'hebdomadaire Marianne relate d'ailleurs tous ces évènements, en indiquant que les dirigeants politiques français et allemands ont été maintenus à l'écart de ces décisions étonnantes.

Il faut noter également que la direction de la Recherche et du Développement, située à Suresnes, a disparu et que nombre des ingénieurs qui y travaillaient sont maintenant aux Etats-Unis. Et tout ceci s'est fait, d'après cet article, sous la houlette de Paul Eremenko, qui venait de Google, mais avait surtout travaillé pour la Defense Advanced Research Projects Agency dont on comprend bien quel était le domaine d'intervention

De nombreux salariés d'Airbus sont inquiets de cette situation, inquiétude renforcée par l'apparente absence de projet, voire même d'avant projet au niveau du bureau d'études. Serait-il possible, Madame la Présidente,
de demander aux actionnaires de cette entreprise, au rang desquels figure l'Etat français, d'apporter rapidement des informations rassurantes pour leur avenir aux quelques milliers de personnes qui y travaillent dans notre région?
Jean Goychman

Pour les autres entreprises, j'ai les copies d'articles de la Tribune et de Marianne
Je n'avais pas parlé de l'affaire Alstom, mais elle est du même tonneau
#7 - Le 27 février 2019 à 21h54 par breizh44, Pornichet
M. Goychman – en tant qu’employé de la partie défense du groupe Airbus, dirigée par Enders avant son ascension, je ne suis pas sans ignorer les faits qui ont d’ailleurs conduit à la décision d’Enders de se retirer à la fin de son mandat actuel. En découvrant des irrégularités commises au service de l’ancien directeur markéting Jean-Paul Gut, mis à l’écart depuis, Enders a pris la seule décision possible pour limiter l’impact négatif sur le groupe – jouer la transparence. Le marché US est vital pour le groupe Airbus, aussi bien dans le civil que dans le militaire, donc risquer d’en être exclu (notamment pour les contrats publics) est risquer la survie de l’entreprise. Ceci pour les faits. Ce qui m’intrigue (et fait réagir), c’est cette rumeur exprimée dans le présent article qu’Enders essayerait de rapprocher Airbus de Boeing, et en plus de construire derrière tout cela une action secrète de la part du président Macron. Quelle connerie monumentale !
#8 - Le 01 mars 2019 à 20h03 par jean goychman
à Breizh44
Je suis moi-même un ancien ingénieur de ce qui était la "maison-mère" d'Airbus Ce sont d'anciens collégues qui étaient montés à des niveaux élevés de la hiérarchie d'Airbus (niveau VP) qui me l'ont dit, notamment apres la disparition de la R&D de Suresnes. Alain Juillet, ex patron de la DGSE, avait dit l'équivalent dans une interview donnée à Challenges
https://www.challenges.fr/entreprise/aeronautique/corruption-guerre-des-chefs-pour-cet-ex-n-2-de-la-dgse-la-situation-est-tres-grave-a-airbus_558243
Je n'ai jamais, en ce qui me concerne, fait allusion à un rôle quelconque joué par Emmanuel Macron
Maintenant, vous avez le droit d'avoir une autre opinion...
#9 - Le 02 mars 2019 à 10h44 par breizh44, Pornichet
Les activités du site R&D à Suresnes ont principalement été transférées à Toulouse et d’autres sites en France. Que quelques ingénieurs se trouvent maintenant aux USA suit une logique industrielle qui consiste à devoir apparaître sur le marché américain (vital pour Airbus, comme je l’ai déjà mentionné) comme entreprise « américaine », à plus forte raison sous la doctrine « America First » de Trump. Airbus a racheté les activités C-Series du Canadien Bombardier et renforce sa présence sur le continent américain. Mais ce n’est très certainement pas pour se jeter dans les bras de Boeing. Sinon ce dernier n’aurait pas riposté en tentant d’acheter Embraer.
Si vous lisez attentivement ce que j’ai écrit je critiquais la « rumeur exprimée dans le présent article » qui, comme vous l’avez expliqué, ne sort pas de votre plume.
#10 - Le 13 mars 2019 à 07h18 par Jean GOYCHMAN, GuÉrande
Breizh 44
Concernant Airbus, l'article de Marianne
https://www.marianne.net/economie/comment-l-oncle-sam-mange-airbus

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