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Ce que révèle l'affaire Alstom Siemens

La Commission Européenne s'est opposée à la fusion Alstom – Siemens. Le rêve d'un « Airbus ferroviaire » s'est fracassé sur le récif de la réglementation européenne. Nos gouvernants français, Bruno Lemaire en tête, auront beau crier au scandale, à l'abus de pouvoir ou que sais-je d'autre, rien n'y fera.

La question qu'on a envie de poser est « et alors ?»  En quoi ne pas faire cette fusion, qui ferait finalement passer Alstom sous le contrôle de Siemens est-elle si gênante ? Alstom possède un carnet de commandes de près de 40 milliards d'euros et ses résultats 2018 sont en hausse significative. Il n'y a pas vraiment de problème de ce coté-là. Il apparaît en fait que le problème viendrait d'ailleurs. Cette fusion devait permettre au nouvel ensemble industriel ainsi constitué de rivaliser avec les Chinois qui vont, paraît-il, nous inonder de leurs TGV futurs.

Et bien, là, on a envie de hurler. Mais qui donc à fabriqué l'industrie chinoise, si ce ne sont les mondialistes partisans d'un libre-échange totalement débridé. Tous ces dogmatiques qui se sont acharnés pendant des décennies à nous vanter les incomparables mérites de ce système qui allait nous permettre de passer à l'ère post-industrielle en confiant aux pays émergents ces tâches de production devenues subalternes. 

Quand comprendront-ils enfin qu'ils ont fait fausse route ? Que la production industrielle est le cœur de l'emploi de nos pays et que pour conserver ces emplois, il fallait les protéger et non pas ouvrir nos marchés à bras ouverts comme ils l'on fait. Donald Trump, qu'il est de bon ton lorsqu'on appartient à l'élite mondialiste, de considérer comme un populiste simple d'esprit, a compris que le danger viendrait de là et, en bon pragmatique, a entrepris de rétablir les barrières douanières et de relocaliser les entreprises américaines.

Qu'est-ce qui empêche l'Union Européenne d'en faire autant ? 

Rien, ou plutôt tout. Tout car nous avons fait du libre-échange la base civilisationnelle d'une Europe qui se voulait l'appartement témoin du mondialisme sur lequel devait régner sans partage le capitalisme financier. Ce capitalisme financier exige, pour sa simple survie, d'être dans une recherche permanente de gains de productivité accrus. C'est la rançon à payer aux actionnaires qui, si on ne leur fournit pas des dividendes en augmentation constante, iront placer ailleurs leurs capitaux. Cette logique productiviste impose des concentrations incessantes, qui un jour, et c'est le cas aujourd'hui avec cette fusion Alstom – Siemens, débouche sur une situation de monopole. 

Nous prenons cette contradiction de plein fouet et, naturellement, le corollaire du libre-échange étant le respect de la concurrence, il faut interdire cette fusion au nom de la liberté de cette concurrence. 

Nous avons, avec une approche méthodique très cartésienne, entrepris d'éliminer un à un tout ce qui pouvait s'opposer , ou pour le moins, ralentir la circulation de tout ce qui constituait ces échanges. Nous avons soigneusement démonté une par une toutes les barrières, allant jusqu'à encourager, au mépris de toute logique, un nombre de plus en plus grand de pays à rejoindre l'Union Européenne, en pensant que ses frontières pourraient s'étendre, de proche en proche, à toute la planète. Et le pire, c'est que nous sommes en train d'y réussir.

Comme disait je ne sais plus quel humoriste, « nous allons mourir guéris. »

Auteur : JG | 06/02/2019 | 8 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 07 février 2019 à 08h43 par breizh44, Pornichet
La commission ne pouvait sans doute prendre d’autre décision que celle-ci vu l’état actuel des règles. Celles-ci, rappelons-le, ont été établi pour de bonnes raisons pour protéger le consommateur et éviter qu’une entreprise prenne une position dominante, voire le monopole sur le marché. La commission n’a pour l’instant pas vocation à faire de la politique industrielle.
De conclure de cet épisode, surtout en vue des élections Européennes à venir, qu’on serait mieux loti « sans l’Europe » et qu’il faut voter pour les populistes qui prônent le repli sur soi serait fatal. Autant hisser le drapeau blanc face à la Chine et les US tout de suite. Non, il faut soutenir ceux, qui veulent réformer et faire évoluer l’Europe. Les règles doivent être adaptées, mais il faut qu’elles restent communes. Il faut donner plus de poids et de moyens à la commission Européenne pour agir efficacement face à ceux qui voudraient nous dominer économiquement.
#2 - Le 07 février 2019 à 11h24 par jean goychman
Breizh44, votre discours est très "formaté" Ne sentez-vous pas que le londe évolue? La mondialisation, c'est à dire la disparition des Etat-nations, n'aboutira pas et le "libre échange globalisé" n'a plus de sens. Pour vous, la seule alternative est le repli sur soi populiste. C'est un peu manichéen. L'Europe des nations n'implique aucunement la fermeture des frontières, mais introduit un nouvel équilibre entre les pays. Le programme Airbus est le type même d'une collaboration intelligente, non pas entre Etats, comme on le lit souvent, mais entre des entreprises qui n'auraient pas eu la capacité technique, financière et humaine de développer seule un projet.
Je comprends que le saut de paradigme soit difficile à digérer, mais aujourd'hui il faut accepter la réalité.
Si vous n'interdisez pas l'accès au marché de concurrents avec lesquels il est impossible de lutter au nom du libre-échange, alors il se passera ce que vous dénoncez. Les "populistes" comme vous les appelez, mais qui ne sont finalement que l'expression des peuples qui votent pour eux, l'ont compris. Il y a de toute évidence un conflit entre entre eux et leurs élites que la démocratie (si elle existe encore) finira par trancher
#3 - Le 07 février 2019 à 11h31 par Jean-louis Garnier, Saint-nazaire
https://institutdeslibertes.org/le-piege-americain-la-guerre-economique-en-action/
#4 - Le 07 février 2019 à 20h38 par Lemere
@Breizh44

Amusant votre commentaire.
1) Il est à l'opposé des déclarations de ceux que vous défendez à tout crin.
2) Vu votre pseudo, cette défense de l'Europe est surprenante.

Quelque chose dans cette histoire me turlupine, puisque les commissaires sont nommés par leur gouvernement, on peut s'étonner, qu'au vu du poids de la France et de l' Allemagne en Europe, ils n'aient pu négocier cet accord.
Alors leur donner plus de pouvoirs alors qu'ils ne sont pas élus, non merci.
Et de toute les façons c'est une occasion de perdue face à la Chine ou aux U.S.A, qui n'est pas prêt de se retrouver.
Quant aux gains pour les consommateurs , excusez du peu, mais entre le fabricant de locomotives et le prix du billet SNCF, il y a DES MARGES, que je ne saurais franchir.
Alors rester avec vos voeux pieux, mais je crains qu'a l'exception de la CGT vous ne soyez le seul qui se satisfasse de voir l'economie Européenne prendre un tel coup.
Pendant ce temps, la Chine, les USA, se frottent les mains.
#5 - Le 09 février 2019 à 21h19 par breizh44, Pornichet
Avant de répliquer il conviendrait peut-être de lire ce que j’ai écrit. Je n’ai nullement approuvé la décision de la commission, j’ai expliqué qu’en l’état actuel des règles elle ne pouvait pas prendre une autre décision. C’est pourquoi j’ai plaidé pour qu’on soutienne ceux qui veulent réformer et faire évoluer ces règles et pas ceux qui veulent tout détruire. Je suis fervent Européen, j’ai deux nationalités Européennes (et suis Breton d’adoption), je travaille pour la première entreprise Européenne et je profite dans ma vie quotidienne des nombreux avantages qu’offre l’Europe unie. Et je veux que cette Europe progresse et devienne plus forte face à ses concurrents. Voilà ce que j’ai écrit. Suffit de lire (et comprendre).
#6 - Le 09 février 2019 à 22h52 par Lemere
@ Breizh44
Et nous direz-vous comment " donner plus de pouvoirs " à la commission européenne qu'elle n'en n'a déjà, et qu'ils l'ont déjà fait prendre cette décision ?
Ne pensez-vous pas que cela soit au parlement européen à qui devrait revenir cette décision ? Eux au moins sont élus. Et ce sont bien les gouvernements nationaux qui camouflés derriere la commission mettent des bâtons dans les roues à de telles décisions . Personne n'est dupe sur l'argument défense du consommateur, sinon expliquez moi le cas du glyphosate.
#7 - Le 10 février 2019 à 18h45 par breizh44, Pornichet
@ lemere ...lire - et comprendre.
#8 - Le 12 février 2019 à 00h26 par Lemere
@ Breizh44
Comprendre quoi?

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