Le 18 juin, elle appelle, avec trois autres organisations (44 = Breizh, l’Agence Culturelle Bretonne 44 et Kevre Breizh) à un grand rassemblement revendicatif, culturel et festif, dans la cité des Ducs, histoire de réaffirmer la volonté du peuple breton d’une région forte et dynamique, dans la communauté nationale et européenne. Entretien avec Paul Loret, le président de « Bretagne Réunie ».
C’est en juin 1941 que le décret Pétain sépare ce qui constitue la Loire Atlantique d’aujourd’hui de la Bretagne, il y a 71 ans exactement. Les promesses successives d’un retour à l’état originel de la Bretagne n’ont jamais été tenues, pas plus en 1945 qu’en 1972 lorsque les régions actuelles ont été tracées et organisées en collectivités territoriales. Pourtant, depuis qu’elle a été reconnue indépendante par les Francs en 851, avec dans son giron le Pays Nantais, le Pays Rennais et le Pays de Retz, jamais la Bretagne n’avait été remise en cause dans ses frontières. Anne est née, au château des Ducs de Bretagne, en 1477. A la révolution, en 1790, le nouveau tracé départemental n’apporte pas de bouleversement. Donc, au-delà de ses bunkers sur les plages, de ses villes détruites comme dans bien d’autres endroits, la Loire Atlantique porte en elle, chaque jour, ce bien étrange stigmate hérité de l’Etat Français. Apatride, elle est une composante d’une région sans âme et sans identité : Les Pays de Loire, où celui que l’on nomme « Ligérien » pour lui donner le sentiment d’exister a à peu près autant de points communs avec un Tourangeau, qu’un Wallon avec un Flamand.
En évitant le piège de la revendication identitaire, avec ses dérives indépendantistes guère réalistes, « Bretagne Réunie » propose un « vrai » projet, construit et réfléchit. L’association se veut l’interlocutrice des politiques de tous bords, avec ce mot d’ordre : « Mieux que six régions artificielles, quatre régions authentiques ! ». La Bretagne retrouverait ses cinq départements et ses 4,3 millions d’habitants. La Vendée intégrerait la région Poitou-Charentes. La Mayenne, Le Maine-et-Loire, et la Sarthe rejoindraient une nouvelle région « Val de Loire » allant de Cholet à Orléans. Enfin, il reste la Normandie, réunie elle aussi.
Comme le dit si bien le célèbre texte, la Loire Atlantique doit vivre son identité culturelle bretonne « en conscience », et elle le fait bien. Il n’est plus nécessaire d’argumenter sur ce sujet, même si l’on peut encore s’étonner, au mieux, de l’hypocrisie, au pire, de la schizophrénie, de certains politiques qui « le cul entre deux chaises » ménagent la chèvre et le chou en espérant le meilleur avantage de cette position. « Bretons pour les touristes, Ligériens à Paris » dénoncent tous ceux qui ont tranché depuis bien longtemps. Car en terme administratif et en droit français, l’exclusion de la Bretagne rend impossible l’identité bretonne. « L’existence même de la région Pays de Loire confisque à toute la population de la Loire Atlantique sa qualité de Bretonne dans les structures politiques, sociales, sportives, dans les médias… », ajoutent les responsables de "Bretagne Réunie".
Depuis une trentaine d’années, l’association ne poursuit qu’un seul objectif : la réunification administrative des cinq départements bretons. « C’est ce qui nous permet de nous adresser à tous les publics et à tous les politiques. Notre rôle est de sensibiliser et d’informer les citoyens sur ce problème. Nous servons de relais auprès des politiques pour les gagner à notre cause. Nous recherchons tout ce qui, dans le droit français, européen, les droits de l’homme, peut nous faire aboutir », explique Paul Loret. « Bretagne Réunie » compte 1 100 membres dont une majorité en Loire-Atlantique. Elle a également 48 associations affiliées, ce qui représente 15 000 personnes.
Le président, qui n’est pas d’origine bretonne (!), insiste sur l’importance économique du projet : « Clairement, notre démarche est plus économique que culturelle ! D’ailleurs, nous sommes en bord de région, c’est un espace tampon. On peut très bien être Breton en Pays de Retz, mais on n’est pas là pour enfermer la Bretagne et ses habitants dans un carcan précis. Dans la charte culturelle présentée par Valéry Giscard d’Estaing, le 44 faisait partie intégrante de la Bretagne. C’est acquis. Mais ce que nous voulons apporter, c’est de trouver les meilleurs moyens de développement économique. La Bretagne est performante, elle doit être un phare qui brille à l’Ouest de l’Europe. Il est important qu’elle soit encore plus forte, c’est profitable pour tout le pays ! Aujourd’hui, il est nécessaire d’avoir un temps d’avance pour trouver des nouveaux marchés. Il faut également réfléchir à l’aménagement du territoire afin de ne pas créer de déséquilibre en l’Ouest de la Bretagne avec Brest, Quimper et Lorient, et l’Est avec Nantes et Rennes ».
Jamais depuis 1941, la Loire-Atlantique n’a été aussi proche de retrouver « sa » Bretagne. L’idée fait son chemin aux plus hauts sommets de l’Etat. Ainsi, en 2008, Nicolas Sarkozy disait que Nantes était bretonne devant toute l’assemblée des maires de France. Franck Louvrié, proche collaborateur du Président de la République, et originaire du département, porte également un projet de réunification ou, au moins, d’une région plus étendue. « Mais je ne vois pas les Angevins s’unir à la Bretagne ! », s’empresse d’ajouter Paul Loret. Ce dernier est toutefois séduit par l’idée de mettre en valeur les « Portes de Bretagne ».
La prochaine réforme territoriale pourrait également jouer en faveur des tenants de la Bretagne réunifiée : « Ca va dans notre sens, et surtout ça aidera les citoyens à mieux se situer dans le milieu administratif ». Il y a aussi la commission Balladur, qui dans son rapport, avait présenté un exemple de réunification avec la Bretagne. Enfin, et c’est peut-être le plus déterminant, l’état d’esprit des Français évolue : « Ils sont prêts pour ça. En Bretagne, comme ailleurs, deux tiers des gens sont favorables à la réunification. Après 70 ans d’exclusion, rien n’y fait, pour les Français, Nantes, c’est Breton ». Il se murmure donc que 2014 serait la bonne…
Reste le cas Jean-Marc Eyrault, maire de Nantes, président du groupe socialiste à l’assemblée Nationale, dont l’attitude laisse perplexe les responsables de Bretagne Réunie. « Nous l’avons souvent rencontré, comme d’autres. Il a été élu avec la réunification dans son programme. Mais il semble aujourd’hui qu’il ait utilisé cette envie des Nantais à des fins purement électorales. Pourtant, il a un adjoint à la culture d’origine bretonne, des élus militants, il soutient Diwan. Mais ce ne sont que des alibis, un trompe l’œil. Il prend les Bretons pour des sourds, un certain nombre de faits montrent qu’il est hostile à la Bretagne, certains parlent même de bretophobie. Il prône l’état d’esprit « Ligérien », nous, on s’en fout. Avec Eyrault, être Breton en Loire-Atlantique, c’est un sacré challenge ».
Samedi, à l’appel du 18 juin (ce n’est pas anodin), ils seront des milliers à venir rappeler au maire de Nantes et à tous les élus, leur volonté de voir la Loire-Atlantique redevenir Bretonne. Le rendez-vous est fixé à 14 h 00. Les organisateurs proposent, sur place, un forum des associations bretonnes (gratuit) de 14 h 00 à 19 h 00. A partir de 18 h 00 et jusqu’à minuit, des concerts de soutien (gratuits) avec Unité Maü Maü (hip-hop), Nolwenn Korbell (pop-rock), Costik (électro-ciné-pop), Les Ramoneurs de Menhirs (punk trad’breton).
Pour tout renseignement et informations : Bretagne Réunie – Breizh Unvan, 06 82 67 19 46, http://www.bretagne-reunie.org
courriel :contact@bretagne-reunie.org
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